Le secteur informel, dit également économie souterraine est une composante essentielle du tissu socio-économique du Maroc. Ce secteur englobe plusieurs activités allant des petites entreprises semi-modernes ou artisanales aux petits trafiquants de la contrebande, vendeurs de cigarettes au détail et autres marchands ambulants et gardiens de voitures non autorisés. Lire plus
Cependant,
ce commerce informel participe, pour une grande part, au P.I.B national. Selon
une étude publiée par Bank Al Maghrib, en 2021, le secteur informel représentait 30% du P.I.B. En 2023, l’étude effectuée par deux chercheurs du département d’économie
de l’université Ibn Tofaïl conclut à un ratio autrement plus important. Selon
cette étude, la part du secteur informel dans le P.I.B du pays est de l’ordre
de 40%. L’économie légale n’arrive pas à absorber la part de l’économie non
observée. C’est plutôt le contraire qui semble s’esquisser.
Si ces
activités sont présentes dans toutes les économies du monde, sous des formes
plus ou moins similaires, dans les économies des pays, dits en développement
elles le sont d’une manière structurelle. Les activités informelles sont, sans
conteste, synonymes de pauvreté, de misère et de marginalisation de grands pans de la société. Cependant, et dans leur rapport à l’économie formelle, elles
peuvent jouer un rôle positif plus ou moins conjoncturel. Le secteur informel
peut tenir lieu de catalyseur du secteur de l’emploi en absorbant une partie
plus ou moins problématique du chômage structurel. Il peut, également, constituer
un semi-traiteur au bénéfice des entreprises formelles. C’est dire l’utilité de
pompe d’oxygène que constitue l’économie sous-terraine pour l’Etat et pour le
secteur capitaliste, dit de « connivence » en offrants aux
entreprises de ce secteur, à cheval entre l’économie informelle et l’économie
de marché, des services et des produits à bas coûts.
Le secteur
informel peut également constituer un féroce concurrent au secteur formel. Dans tous les cas de figure, l’Etat
se trouve dans l’obligation de « gérer » ce secteur. Il doit jouer
les équilibristes entre un secteur informel pourvoyeur d’emplois et de
richesses et un secteur dit « formel » qui peine à se transformer en vraie
économie de marché et à se substituer au premier. Le secteur informel demeure
un mal nécessaire. On ne peut ni l’éradiquer d’ un seul coup de baguette magique
ni le laisser se développer et prospérer
jusqu’à faire imploser le tissu économique et social.
