En ces moments tragiques, les relations entre les deux peuples d’Algérie et du Maroc, ne doivent pas être une victime collatérale. L’émotion engendre le meilleur et le pire. Beaucoup d’Algériens ont compati aux malheurs de leurs frères Marocains lors du séisme qui a frappé la région du Haouz et ont spontanément proposé d’offrir leur aide. Les autorités algériennes portent au Maroc une inimitié viscérale, devenue presque historique parce que ses racines plongent dans les premières années du jeune Etat algérien. L’Algérie a pratiquement érigé l’essentiel de son idéologie sur la haine du Maroc.
Le régime
militaire algérien ne peut offrir à son peuple une politique conforme aux
aspirations de ce dernier. Les quelques années qui ont précédé la pandémie du
covid ont vu les Algériens manifester au nom du Hirak pour un régime civil. Les
confinements préconisés pour lutter contre le covid ont été mis à profit par le
régime pour assoir une politique de répression tous azimuts. Mais la répression
seule, à défaut d’une vision claire en
matière économique et sociale n’y suffisait pas. Il fallait trouver un dérivatif. Les militaires au pouvoir en
Algérie n’avaient pas à chercher loin. On est revenu à l’antienne de l’ennemi
de l’ouest, en l’occurrence le Maroc.
Comme dans
tout régime autoritaire fermé, et les exemples sont légion, on a eu recours à
la propagande effrénée. Il fallait que le régime embrigade les esprits et
convainque les citoyens que le Maroc et les Marocains leur veulent du mal. A
telle enseigne que, usant de fake news et de trolls, le régime est dans une
course contre la montre pour vicier les idées de la jeune génération à travers
le fléau des réseaux sociaux et d’une presse mise au pas à force
d’humiliations, de procès fallacieux et d’emprisonnements arbitraires.
Le Maroc
résiste, pour ne pas tomber dans le piège algérien et cautionner le désamour
entre les deux peuples. Le Roi du Maroc, depuis des années, appelle à la
normalisation entre les deux pays et à la réouverture des frontières. Peine
perdue. Le régime algérien est sourd à tous les appels et pour cause. Toute sa
légitimité, ou ce qu’il croit être sa légitimité, repose sur son antagonisme
avec le Maroc.
En fait, le
danger existe d’une conflagration entre les deux pays, si le régime algérien
est acculé. Les réseaux sociaux sont devenus le vecteur de la surenchère et le
cheval de Troie de l’excès. Les Marocains, comme les Algériens sont conscients
qu’une manifestation de solidarité entre les deux peuples est susceptible de
déboucher sur un avenir meilleur pour le Maghreb. Encore faut-il que, dès à
présent, on inculque aux jeunes et moins jeunes des deux pays de ne pas tomber
dans la haine instrumentalisée par ceux qui veulent perpétuer la discorde.
C’est pourquoi, c’est cette solidarité qui doit être promue sur les réseaux
sociaux, qui sont devenus, pratiquement, les seuls créneaux où se forme
l’opinion des gens.