L'année 2024 a débuté avec des conflits en cours au Soudan, en Ukraine et à Gaza, concomitamment avec des efforts de paix inopérants. Les tentatives diplomatiques pour mettre fin aux hostilités ont échoué à travers le monde, et de nombreux dirigeants privilégient désormais la voie militaire pour atteindre leurs objectifs, croyant pouvoir en sortir indemnes.
Depuis
environ 2012, les conflits se sont multipliés, marquant une rupture après une
période de relative accalmie dans les années 1990 et au début des années 2000.
Les soulèvements arabes de 2011 ont déclenché les premiers conflits en Libye,
en Syrie et au Yémen. Cette instabilité s'est propagée vers le sud, contribuant
à alimenter une crise persistante dans la région du Sahel. Une nouvelle vague
de conflits majeurs a suivi, notamment la guerre entre l'Azerbaïdjan et
l'Arménie pour le contrôle du Haut-Karabakh en 2020, les affrontements
sanglants dans la région du Tigré en Éthiopie et le coup d'État militaire au
Myanmar en 2021, ainsi que l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. À
cela se sont ajoutés les conflits au Soudan et à Gaza en 2023. Le nombre de
victimes des conflits, de personnes déplacées et de celles nécessitant une aide
humanitaire n'a jamais été aussi élevé depuis des décennies.
Dans de
nombreuses zones de conflit, aucun processus de paix n'est en cours ou les
efforts diplomatiques sont au point mort. La junte au pouvoir au Myanmar et les
factions au Sahel sont déterminées à écraser leurs opposants. Au Soudan, où le
conflit actuel est l'un des plus meurtriers et dévastateurs, les efforts
diplomatiques ont été chaotiques et peu concluants malgré les tentatives des
États-Unis et de l'Arabie saoudite. Vladimir Poutine, président russe, espère
affaiblir l'Ukraine en forçant sa capitulation et sa démilitarisation, des
conditions inacceptables pour les Ukrainiens. Les initiatives diplomatiques
actuelles se concentrent principalement sur la gestion des conséquences des
conflits, comme la négociation de l'accès humanitaire ou des échanges de
prisonniers.
Dans les
zones où les combats ont cessé, le calme découle souvent de la victoire
militaire plutôt que de la conclusion d'accords de paix durables. Par exemple,
les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan à la suite du retrait des
troupes américaines, sans négociation avec les factions rivales afghanes. De
même, l'accord conclu fin 2022 entre le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed
et les chefs rebelles du Tigré était davantage une consolidation de la victoire
d'Abiy Ahmed qu'un véritable accord sur l'avenir de la région. En 2023,
l'offensive menée par l'Azerbaïdjan lui a permis de reprendre le contrôle du
Haut-Karabakh après sa victoire en 2020, mettant fin à une situation de statu
quo de trente ans et forçant de nombreux Arméniens à fuir.
Les conflits
en Libye, en Syrie et au Yémen sont également dans l'impasse, sans perspective
d'accord politique durable. Dans ces régions, les parties belligérantes
attendent surtout une occasion pour étendre leur influence ou leur territoire.
Cette
période marque un contraste saisissant avec les années 1990, où de nombreux
accords de paix ont été conclus, mettant fin à des conflits tels que ceux au
Cambodge, en Bosnie, au Mozambique ou au Libéria. Bien que ces accords aient
été imparfaits et aient souvent exigé des concessions difficiles, ils
semblaient annoncer une ère de diplomatie après la guerre froide. Cependant, au
cours des dix dernières années, de tels accords sont devenus rares. Les récents
accords en Colombie en 2016 et aux Philippines en 2014 avec les rebelles du
Bangsamoro sont des exceptions, reflétant un héritage d'une époque révolue.
La
détérioration de la situation en Israël-Palestine est un exemple frappant de
cette nouvelle tendance. Les efforts de paix dans la région sont au point mort
depuis des années, et de nombreux dirigeants mondiaux ont délaissé la question.
Israël a continué à étendre ses colonies en territoire palestinien, tandis que
les colons ont agi de manière de plus en plus brutale, souvent avec le soutien
de l'armée israélienne. Les espoirs des Palestiniens de voir naître leur propre
État se sont évanouis, tout comme la crédibilité de leurs dirigeants. Bien que
rien ne puisse justifier les attaques meurtrières perpétrées par des militants
palestiniens, le conflit israélo-palestinien ne date pas d'hier. L'escalade
récente entre le Hamas et Israël risque de faire perdre tout espoir de paix
pour une génération entière.