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07 décembre 2024

CHRONIQUE : Prémices d'un monde en pleine recomposition- Par G. Amidot

Publié le 7 décembre 2024
 

 Les événements récents en France, au Moyen-Orient, et dans le contexte du conflit russo-ukrainien illustrent les profondes mutations qui redessinent la carte géopolitique et économique du monde. Alors que les BRICS renforcent leur influence et que les cryptomonnaies bousculent les paradigmes financiers traditionnels, les prémices d’un nouvel ordre mondial émergent. Mais à quoi pourrait-il ressembler ?

En France, la crise sociale persiste, avec, en point d’orgue, la chute du gouvernement Barnier. Cette crise est alimentée par des tensions sur des questions identitaires, économiques et environnementales. Les manifestations autour des réformes des retraites ou des préoccupations liées à la vie chère révèlent une société en quête de justice sociale et de stabilité. Dans un monde où les inégalités s'aggravent, la France semble illustrer un malaise plus large : celui des démocraties occidentales face aux défis de la polarisation politique et de l’érosion de la confiance envers les institutions.

La situation en Syrie est, aujourd’hui plus que jamais, marquée par une instabilité profonde. Le pays, ravagé par treize années de guerre civile, voit aujourd’hui une escalade de la violence qui menace de changer la dynamique régionale. Les rebelles, menés par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une faction islamiste d’anciens membres d’al-Qaïda, ont lancé une offensive spectaculaire qui a permis à ces derniers de s’emparer de nombreuses localités et de deux grandes villes syriennes en l’espace de quelques jours. La coalition rebelle a annoncé avoir commencé à encercler Damas, la capitale, après avoir conquis des zones périphériques à quelques kilomètres de la ville.

 

En réponse, les forces syriennes, soutenues par la Russie, l’Iran et le Hezbollah, se sont vues contraintes de se retirer de plusieurs positions stratégiques, notamment dans les provinces de Deraa et Soueida. L'armée syrienne a également abandonné des localités proches de la capitale et des positions près du plateau du Golan, une région contestée avec Israël. Cette avancée des rebelles, après avoir conquis des zones comme Alep et Hama, marque un tournant dans un conflit qui semblait jusque-là se stabiliser sous le régime d’Assad.

Cette situation coïncide avec des développements diplomatiques majeurs: un sommet consacré à la Syrie se tient à Doha, au Qatar, avec la participation de ministres des Affaires étrangères de la Russie, de l'Iran et de la Turquie, trois puissances majeures du conflit. Ce rapprochement, surtout avec la Turquie, pourrait entraîner un nouveau rééquilibrage des forces en présence et potentiellement un retour de la Syrie sur la scène internationale, après des années d’isolement. Toutefois, avec un Assad porté disparu pendant plusieurs jours et une situation militaire incertaine, la Syrie reste un point chaud où se croisent les ambitions des grandes puissances.

Le conflit en Ukraine a exacerbé la polarisation entre l’Occident et les nations cherchant une voie alternative au système dominé par les États-Unis. Alors que l’Europe réaffirme son alignement sur l’OTAN, des acteurs comme la Chine et l’Inde adoptent une posture plus nuancée, voyant dans cette crise une opportunité de renforcer leur autonomie stratégique. Les sanctions occidentales ont paradoxalement renforcé la résilience économique russe et accéléré les tentatives de dédollarisation mondiale.

Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) incarnent cette quête d’alternatives au système globalisé actuel. Leur ambition d'établir une monnaie commune pour le commerce international illustre leur volonté de contrer l'hégémonie du dollar. Le récent élargissement du groupe avec l’ajout de nouveaux membres, comme l’Arabie saoudite et l’Iran, marque un tournant. Ces pays, riches en ressources naturelles et en capitaux, renforcent le poids des BRICS dans l’économie mondiale.

Parallèlement, les cryptomonnaies, bien qu'encore controversées, offrent un aperçu des transformations potentielles du système monétaire global. Elles défient les banques centrales et les gouvernements en proposant des alternatives décentralisées et accessibles. Si des pays comme El Salvador adoptent le Bitcoin comme monnaie légale, d'autres, comme la Chine, développent leurs propres monnaies numériques souveraines pour consolider leur contrôle.

Ces bouleversements suggèrent que l’ère de la domination unipolaire menée par les États-Unis touche à sa fin. Le monde semble se diriger vers une multipolarité où de nouvelles alliances, telles que celles des BRICS, et des technologies disruptives, comme les cryptomonnaies, redéfiniront les règles du jeu.

En somme, les crises actuelles ne sont pas seulement des symptômes de désordre, mais aussi des signes avant-coureurs d'un monde en pleine recomposition. Ce nouvel ordre pourrait offrir des opportunités inédites, mais il exige une vision claire et une gouvernance inclusive pour éviter que le chaos ne s’installe durablement.

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