Le ralentissement de la croissance économique nationale à 2,4% au deuxième trimestre 2024, contre 2,5% à la même période en 2023, illustre une conjoncture mitigée pour le Maroc. Bien que les activités non agricoles aient enregistré une croissance respectable de 3,2%, la baisse de 4,5% dans le secteur agricole, souvent tributaire des conditions climatiques, a freiné la dynamique économique globale. Ce contexte reflète les défis structurels persistants, auxquels viennent s’ajouter des opportunités et des initiatives stratégiques, notamment en lien avec l’organisation de la Coupe du Monde 2030. Lire plus
1. Rôle central du secteur informel dans l'économie
Le poids du secteur informel, représentant environ 30% du PIB selon une étude de Bank Al-Maghrib (2021), reste préoccupant. Avec un manque à gagner estimé à 40 milliards de dirhams, ce secteur constitue une entrave au développement économique, fiscal et social. Le Projet de Loi de Finances 2024 met en priorité son intégration dans l'économie formelle, ce qui pourrait augmenter les recettes fiscales, réduire l'inégalité sociale, et renforcer la compétitivité nationale. Cependant, une réforme aussi ambitieuse nécessitera une coordination étroite entre les politiques publiques et une communication efficace pour convaincre les acteurs informels.
2. Demande intérieure et inflation maîtrisée
La croissance tirée par la demande intérieure, dans un contexte d'inflation maîtrisée, montre une certaine résilience de l'économie marocaine. L'inflation contrôlée contribue à protéger le pouvoir d'achat des ménages et à soutenir la consommation, même si l’impact du secteur informel limite la portée des politiques économiques.
Le besoin de financement représentant 1,1% du PIB reste gérable, mais il souligne l’importance de mobiliser des ressources financières pour soutenir les projets stratégiques, notamment ceux liés à l'organisation de la Coupe du Monde 2030.
3. Impact de la Coupe du Monde 2030 sur l’économie
La co-organisation de la Coupe du Monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal représente une opportunité stratégique pour le Maroc en 2024. Ce projet pourrait stimuler l’économie nationale à travers :
Les infrastructures : Des investissements massifs dans les stades, les routes, les hôtels et les transports sont déjà en cours ou prévus, créant des emplois directs et indirects.
Le tourisme : La visibilité internationale renforcera l’attractivité du Maroc en tant que destination touristique, générant des devises et des revenus significatifs pour l’économie locale.
L’image du pays : Cette opportunité place le Maroc sur le devant de la scène mondiale, renforçant son positionnement stratégique en tant que passerelle entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe.
4. Défis liés à l'organisation et à l'économie actuelle
Cependant, plusieurs défis doivent être relevés L’équilibre budgétaire : Le financement des projets liés à la Coupe du Monde pourrait accroître la pression sur les finances publiques, surtout dans un contexte où l’économie ralentit.
L’inclusion sociale : Les bénéfices de la Coupe du Monde doivent être partagés équitablement pour éviter un renforcement des inégalités, exacerbées par la persistance du secteur informel.
La gestion du secteur agricole : Une agriculture plus résiliente, adaptée aux défis climatiques, est essentielle pour stabiliser la croissance et réduire la dépendance du PIB aux aléas météorologiques.
Le Maroc aborde l’année 2024 dans une position intermédiaire, confronté à des défis économiques majeurs, mais également à des opportunités significatives. L’organisation de la Coupe du Monde 2030 est un projet structurant, capable de catalyser des réformes économiques et sociales profondes. Cependant, son succès dépendra de la capacité des décideurs à intégrer les différents secteurs économiques, à maîtriser les coûts, et à maximiser les retombées positives pour l’ensemble de la population.
L'intégration du secteur informel, la dynamisation de la demande intérieure, et une gestion stratégique des projets d'infrastructure seront les clés pour assurer une trajectoire de croissance durable et inclusive.
