L'évolution de la balance commerciale du Maroc en 2024 illustre des dynamiques économiques complexes, influencées par une conjonction de facteurs internes et externes. Selon les données de l’Office des Changes, à fin novembre 2024, les importations ont atteint 689,16 milliards de dirhams (MDH), marquant une progression de 5,7 % par rapport à la même période en 2023. Dans le même temps, les exportations se sont élevées à 413,41 MDH, enregistrant une hausse de 5,2 %. Bien que cette croissance des échanges souligne un dynamisme certain, elle s’est traduite par une aggravation du déficit commercial, qui s’établit à 275,75 MDH, en augmentation de 6,5 %. Ces chiffres montrent un déséquilibre structurel qui persiste malgré une diversification des flux commerciaux. (Plus)
Structure des importations : domination des biens d’équipement
L’analyse sectorielle des importations met en lumière la forte contribution des produits finis d’équipement, qui ont connu une hausse notable de 11,5 %, atteignant 128,98 MDH à fin septembre 2024. Cette augmentation reflète principalement l’essor des acquisitions de voitures utilitaires et d’appareils électriques, en ligne avec les besoins croissants d’une économie en phase d’industrialisation et de modernisation. Par ailleurs, les importations de produits alimentaires ont légèrement augmenté de 1,1 %, atteignant 67,71 MDH. Cette hausse est due principalement à l’importation d’animaux vivants, bien qu’elle soit partiellement compensée par une diminution des achats de tourteaux.
Exportations : les piliers de l’économie marocaine
Côté exportations, le secteur automobile reste le fer de lance de l’économie marocaine, enregistrant une croissance de 6,9 % pour atteindre 115,35 MDH à fin septembre 2024. Les ventes de câblage et de véhicules assemblés à l’échelle internationale constituent les principales locomotives de cette progression. En parallèle, le secteur aéronautique se distingue par une performance remarquable, avec une augmentation de 20,2 %, totalisant 19,65 MDH. Cette avancée est portée par le développement du segment d’assemblage et des équipements électriques câblés (EWIS), qui renforcent la position du Maroc comme un hub industriel compétitif.
Les accords de libre-échange : un moteur pour les échanges commerciaux
Les accords de libre-échange (ALE) jouent un rôle déterminant dans cette dynamique commerciale. Le Maroc a signé plusieurs ALE, notamment avec l’Union européenne et les États-Unis, qui offrent aux entreprises marocaines un accès préférentiel à des marchés stratégiques. Ces partenariats favorisent la diversification des exportations et attirent les investisseurs étrangers. Par exemple, les investissements chinois au Maroc connaissent une montée en puissance, profitant des ALE pour contourner les barrières tarifaires européennes et américaines.
Les défis liés aux accords de libre-échange
Cependant, ces accords présentent des défis notables. L’ouverture des marchés marocains intensifie la concurrence, exposant les industries locales, notamment dans l’agriculture, à des pressions accrues. En outre, des déséquilibres peuvent émerger lorsque les termes des ALE ne sont pas scrupuleusement respectés par toutes les parties. Par exemple, le Maroc a été accusé par la Coordinadora de Organizaciones de Agricultores y Ganaderos (COAG) d’avoir dépassé son quota annuel d’exportation de tomates vers l’Union européenne, entraînant une dette de 71,7 millions d’euros envers l’Espagne depuis 2019.
Perspectives et conclusions
En somme, l’évolution de la balance commerciale du Maroc en 2024 traduit les opportunités et les contraintes d’une économie en transition. Les secteurs automobile et aéronautique démontrent le potentiel de croissance offert par les ALE, mais ces derniers nécessitent une gestion rigoureuse pour équilibrer les bénéfices et les risques. Une politique commerciale proactive, soutenue par des réformes structurelles et un suivi accru des engagements internationaux, sera essentielle pour consolider une croissance durable et équilibrée.
