La relation entre l'Algérie et la France a connu une détérioration spectaculaire durant les mois de décembre 2024 et janvier 2025. Cette dégradation, fruit d'une stratégie diplomatique algérienne hasardeuse, a porté sur le devant de la scène des dossiers jusque-là traités dans une relative discrétion. Pléthore de visas diplomatiques, dettes médicales impayées et activités d'activistes algériens en France, autant de thèmes sensibles exposés au grand jour. (Plus)
La reconnaissance officielle par la France de la marocanité du Sahara occidental a été le catalyseur d’une relation en dents de scie entre la France et l’Algérie. Ce geste de soutien explicite à Rabat, a exacerbé les tensions avec Alger, créateur et fervent défenseur de la cause séparatiste. La diplomatie algérienne, déjà fragilisée, a vu ce développement comme un affront direct, alimentant un climat de méfiance et d’hostilité.
C’est dans ce contexte tendu qu’ont été révélés plusieurs faits embarrassants pour le régime algérien. Parmi eux, le nombre impressionnant de visas diplomatiques octroyés aux membres de la nomenklatura et à leurs familles, souvent utilisés pour des séjours prolongés en France, loin des réalités algériennes. Ces privilèges, combinés à des dettes médicales impayées pour des soins reçus dans des établissements français, ont suscité l’indignation d’une opinion publique déjà lassée par les inégalités sociales. Paris a annoncé étudier un durcissement de l'octroi des visas, notamment pour les élites algériennes, une mesure perçue comme une réponse à l'attitude hostile d'Alger.
Parallèlement, la France a mis en lumière la présence d’activistes algériens sur son territoire, y compris des personnalités influentes comme le recteur de la Mosquée de Paris, accusé de proximité avec le régime d’Alger. Cette situation a accentué les tensions, les autorités françaises reprochant à l'Algérie de chercher à instrumentaliser la diaspora pour des fins politiques.
Ce climat de méfiance a encouragé les révélations dans la presse française à propos de dossiers sensibles : dépenses somptuaires de diplomates algériens, accusations de corruption et gestion opaque des ressources allouées aux représentations algériennes en France.
Durant le mois courant, le débat s’est intensifié autour de l’accord franco-algérien de 1968 sur l'immigration, un texte qui accorde des avantages spécifiques aux ressortissants algériens en France, notamment en matière de séjour, de travail et de prestations sociales. Certains responsables politiques français remettent en question la pertinence de cet accord dans le contexte actuel, le qualifiant d’obsolète face aux nouvelles réalités migratoires et aux tensions bilatérales.
Au milieu de cette tourmente, l’arrestation et la mise en résidence surveillée de Boualem Sansal, intellectuel algérien critique du régime, ont suscité une vague de condamnations internationales. Cet épisode a renforcé l’image d’un régime répressif et isolé, contribuant à ternir davantage ses relations avec Paris.
La presse française et internationale a par ailleurs mis en avant d'autres éléments troublants, comme l’implication supposée de certains membres de la nomenklatura algérienne dans des réseaux d’influence en Europe, accentuant encore la méfiance entre Paris et Alger.
Quel que soit le futur des relations franco-algériennes, les scenarii plausibles ne peuvent être que globalement négatifs.
Les deux pays pourraient maintenir un statu quo conflictuel, avec une communication limitée et des gestes ponctuels d’hostilité. Cette situation freinerait toute coopération future.
Autre scénario envisageable ; sous la pression d’enjeux économiques et sécuritaires communs, Paris et Alger pourraient engager un dialogue constructif, mais cela nécessiterait des concessions mutuelles difficiles.
Enfin, le scénario du pire serait que l’absence de canaux diplomatiques efficaces pourrait conduire à une détérioration plus ou moins visible des relations, avec des conséquences graves pour les deux parties, notamment sur les plans économique et migratoire.
