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11 janvier 2025

ÉCONOMIE- Économie informelle au Maroc, poids et stratégies d'intégration- Par J. Hafati

Publié le 11 janvier 2025 
 
 

L'économie informelle représente une part significative du tissu économique marocain, jouant un rôle ambivalent entre moteur de subsistance pour des millions de citoyens et obstacle au développement structurel du pays. Selon les estimations, cette économie parallèle contribuerait à environ 30 % du PIB, employant une large proportion de la population active, notamment dans les secteurs de l'artisanat, du commerce ambulant et des services domestiques. Lire plus

Bien que ces activités comblent les lacunes du marché formel en générant des revenus et en atténuant le chômage, elles privent l'État de recettes fiscales substantielles, limitant ainsi sa capacité à financer des politiques publiques.

Les raisons de l'expansion de l'économie informelle au Maroc sont multiples. La rigidité du marché du travail, la complexité administrative et la pression fiscale sont souvent citées comme des facteurs décourageant l'adhésion des petites entreprises au secteur formel. De surcroît, le faible accès au financement et aux infrastructures, notamment dans les zones rurales, pousse de nombreux entrepreneurs à opérer en dehors du cadre légal. Ce phénomène est également alimenté par une culture de survie, où les populations vulnérables privilégient des solutions immédiates pour subvenir à leurs besoins.

 

Cependant, l'économie informelle engendre des conséquences socio-économiques préoccupantes. Outre le manque à gagner fiscal, elle contribue à la précarité des conditions de travail, en l'absence de couverture sociale et de droits pour les travailleurs. De plus, cette économie échappe au contrôle de qualité, ce qui peut avoir des répercussions sur la santé publique et la sécurité des consommateurs. Enfin, l'absence de données fiables sur ce secteur complique l'élaboration de politiques économiques adaptées.

 

Pour intégrer l'économie informelle, le Maroc a initié plusieurs réformes. La mise en place du Régime de Contribution Professionnelle Unique (RCPU), destiné aux petits commerçants et artisans, vise à simplifier l'accès au secteur formel en proposant un cadre fiscal allégé. Par ailleurs, des programmes d'inclusion financière, tels que ceux portés par les institutions de microfinance, cherchent à fournir des outils financiers adaptés pour soutenir les entrepreneurs informels dans leur transition. Ces mesures sont renforcées par des campagnes de sensibilisation sur les avantages de la formalisation.

 

Néanmoins, ces initiatives rencontrent des défis majeurs. La méfiance envers les institutions publiques et le manque de visibilité sur les bénéfices immédiats de la formalisation freinent l'engagement des acteurs informels. De plus, l'insuffisance des infrastructures, notamment dans les zones marginalisées, limite l'accès aux services de base nécessaires pour une intégration réussie. Les efforts de formalisation doivent ainsi être accompagnés d'une amélioration des services publics et d'une simplification administrative accrue.

 

À long terme, l'intégration de l'économie informelle nécessite une approche globale. Outre les réformes économiques, des mesures sociales sont indispensables pour renforcer la confiance des populations vulnérables. Cela inclut la mise en place de systèmes de protection sociale universelle, l'amélioration de l'accès à l'éducation et la promotion de la formation professionnelle. Une meilleure coordination entre les acteurs publics, privés et associatifs est également cruciale pour maximiser l’impact des politiques.

 

En conclusion, l'économie informelle, bien qu'elle représente un levier de résilience économique, constitue un frein à l’émergence d’un développement inclusif et durable. L'intégration de ce secteur au cadre formel est une nécessité stratégique pour le Maroc, mais elle doit s'accompagner de politiques adaptées, inclusives et progressives, afin d'assurer une transition réussie et bénéfique pour l'ensemble des parties prenantes.