L’Algérie a
longtemps adopté une posture intransigeante vis-à-vis d’Israël, inscrivant son
discours dans une ligne radicale aux côtés de l’Iran, du Hezbollah et de la
Syrie. Pourtant, les événements de la fin de l’année 2024 ont bouleversé cette
dynamique, forçant Alger à revoir sa stratégie. Face aux mutations
géopolitiques, la rhétorique belliqueuse s’est peu à peu estompée, laissant
place à une approche plus nuancée. Désormais, la question d’une reconnaissance
officielle d’Israël n’est plus un tabou absolu, et les États-Unis multiplient
les contacts avec Alger pour accompagner cette transition délicate. Lire plus
La situation internationale a considérablement évolué au cours des derniers mois. Le Hezbollah, après une guerre dévastatrice avec Israël, a subi un quasi-anéantissement, réduisant drastiquement son influence au Liban et dans la région. L’Iran, sous pression économique et confronté à une contestation interne grandissante, ne peut plus soutenir ses alliés avec la même vigueur. Quant au régime syrien, il a finalement été balayé par l’opposition, remettant la Syrie sur la voie d’une nouvelle destinée politique. Cette recomposition a isolé l’Algérie, qui se retrouvait seule à tenir un discours anti-israélien rigide.
Lors d’une interview accordée au journal français L’Opinion, le 3 février de ce mois, le président algérien a pour la première fois évoqué Israël par son nom officiel, rompant avec la terminologie traditionnelle de « l’entité sioniste ». Ce geste, loin d’être anodin, traduit une volonté de repositionnement. Certains observateurs y voient un prélude à une ouverture progressive, sous l’influence de Washington, qui cherche à stabiliser la région et à contenir l’influence russe et chinoise en Afrique du Nord.
L’Algérie se retrouve aujourd’hui à un tournant. Son économie, toujours largement dépendante des hydrocarbures, peine à se diversifier malgré les déclarations officielles. Les tensions sociales internes et l’instabilité politique nécessitent un apaisement des relations extérieures afin de garantir des débouchés commerciaux et des partenariats stratégiques solides. Dans ce contexte, la diplomatie algérienne semble amorcer un virage désespéré, cherchant à maintenir une posture souverainiste tout en évitant l’isolement diplomatique.
Cette évolution ne se fait cependant pas sans contradictions. D’un côté, Alger continue d’adopter une ligne dure à l’égard du Maroc, notamment sur la question du Sahara occidental, ce qui freine toute coopération régionale. De l’autre, elle cherche à équilibrer ses relations entre la Russie, la Chine et l’Occident, ce qui la place dans une position délicate. Cette diplomatie hésitante, oscillant entre fermeté idéologique et pragmatisme économique, reflète les tensions internes au sein du régime militaire algérien, où plusieurs bastions s’affrontent quant à l’orientation future du pays.
Si la reconnaissance d’Israël par l’Algérie n’est pas encore une réalité, les évolutions récentes laissent entrevoir une réévaluation progressive de cette question. La pression internationale, combinée aux défis économiques et aux nouveaux rapports de force régionaux, pourrait accélérer ce processus. Reste à savoir si Alger parviendra à orchestrer cette transition sans provoquer de remous internes majeurs et à quel rythme elle choisira d’adapter sa politique étrangère aux nouvelles réalités du monde contemporain.