Diplomatie, institutions, économie, sport, culture – rien n’échappe à cette machine de propagande où la diabolisation systématique du voisin occidental semble être une ligne éditoriale imposée.
Chaque jour, la presse algérienne, publique comme privée, consacre une part disproportionnée de ses publications au Maroc. À croire que la gestion des affaires intérieures de l’Algérie ne présente aucun intérêt pour les médias du pays. Les décisions du Roi Mohammed VI sont scrutées avec une obsession inégalée, souvent caricaturées et déformées pour servir un récit hostile. À titre d’exemple, son discours du 20 août 2023, appelant à un dialogue serein entre les peuples marocain et algérien, a été accueilli avec une virulence surprenante par la presse algérienne, qui y a vu une « tentative de diversion ».
L’ampleur de cette obsession se mesure également à l’aune de la couverture médiatique accordée à la diplomatie marocaine. Le retour du Maroc au sein de l’Union africaine en 2017 ? Une « manœuvre hypocrite » selon certains éditorialistes algériens. Les succès diplomatiques engrangés par le Royaume sur la question du Sahara marocain, notamment la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud en 2020 ? Un « coup de bluff » destiné à masquer une prétendue crise interne. Même la désignation du Maroc comme co-organisateur du Mondial 2030 a été dépeinte comme un échec pour le pays !
L’obsession ne s’arrête pas à la diplomatie. Elle s’étend jusqu’au sport, notamment au football. Lorsque le Maroc a atteint les demi-finales de la Coupe du Monde 2022, performance inédite pour une nation africaine, la presse algérienne a tenté de minimiser cet exploit en avançant des théories abracadabrantesques sur un prétendu favoritisme de la FIFA. Pire encore, lorsque le Maroc a refusé de participer au CHAN 2023 en raison de l’interdiction faite à l’équipe nationale d’atterrir directement à Constantine, certains médias algériens ont salué cette absence comme une « victoire diplomatique » de leur pays.
Il est essentiel de comprendre que cette ligne éditoriale ne relève pas d’une liberté journalistique mais d’une orientation dictée par le pouvoir en place. En Algérie, les médias sont étroitement contrôlés par l’État, et les quelques voix discordantes sont rapidement réduites au silence. L’exemple du journal "Liberté", contraint à la fermeture en 2022 après avoir osé critiquer la ligne du régime, en est une illustration frappante. Critiquer le régime en place peut coûter cher, tandis que vilipender le Maroc garantit une certaine impunité et même des encouragements officiels.
Pourquoi un tel acharnement ? Tout simplement parce que cette obsession médiatique vise avant tout à détourner l’attention des Algériens des véritables enjeux de leur pays : chômage, corruption, crise politique, absence de libertés démocratiques… En focalisant le débat sur un ennemi extérieur, le régime algérien cherche à renforcer son emprise sur l’opinion publique et à masquer ses propres échecs.
En définitive, cette fixation sur le Maroc, omniprésente dans la presse algérienne, est le reflet d’un mal plus profond : une gouvernance en panne, qui préfère instrumentaliser un ennemi imaginaire plutôt que de faire face à ses propres réalités.