Le chômage des jeunes est un défi majeur pour le Maroc, où une large partie de la population active peine à s’insérer durablement dans le marché du travail. Selon les dernières données du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a atteint 32,7 % en 2023, avec un écart marqué entre les zones urbaines (47,4 %) et rurales (16,9 %). Lire plus
Cette situation est aggravée par un système éducatif qui peine à répondre aux exigences du marché du travail et par la prédominance du secteur informel, qui absorbe plus de 70 % des actifs occupés. Face à ces défis, le gouvernement a multiplié les initiatives pour favoriser l’emploi et l’entrepreneuriat chez les jeunes.
Lancé en 2022, le programme "Awrach" vise à créer 250 000 emplois sur deux ans, en ciblant les jeunes en situation de vulnérabilité et éloignés du marché du travail. D’après les chiffres officiels, plus de 100 000 emplois ont été générés en 2023, avec un accent mis sur les chantiers à fort impact social, notamment dans l’éducation et l’environnement. En parallèle, le programme "Forsa", qui soutient les jeunes porteurs de projets avec un accompagnement et des crédits d’honneur allant jusqu’à 100 000 dirhams, a permis de financer plus de 10 000 projets en 2023. Ces initiatives, bien que prometteuses, doivent encore prouver leur capacité à créer des emplois durables.
Le Maroc mise également sur l’essor du numérique et des nouvelles technologies pour générer des opportunités professionnelles. La transformation digitale du pays a favorisé l’émergence de startups innovantes dans des domaines comme la fintech, l’e-commerce et l’intelligence artificielle. En 2023, le Maroc comptait plus de 1 200 startups, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. Pour soutenir cette dynamique, le gouvernement a introduit le Startup Act, visant à simplifier la création d’entreprises et à faciliter l’accès au financement. Toutefois, le manque de capital-risque et l’insuffisance des compétences numériques freinent encore le développement du secteur.
Le rôle de la formation professionnelle est crucial pour améliorer l’employabilité des jeunes. L’Office de la Formation Professionnelle et de la Promotion du Travail (OFPPT), qui forme chaque année plus de 600 000 jeunes, a lancé une réforme axée sur l’apprentissage en alternance et la modernisation des programmes. La stratégie nationale de la formation professionnelle 2021-2025 met l’accent sur des secteurs porteurs comme l’industrie, l’agriculture et les énergies renouvelables. Cependant, selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), 65 % des diplômés de la formation professionnelle peinent encore à trouver un emploi stable.
L’industrialisation est un levier stratégique pour la création d’emplois. Le Maroc s’appuie sur des secteurs dynamiques comme l’automobile, qui a généré plus de 220 000 emplois directs en 2023, et l’aéronautique, qui en compte près de 20 000. De plus, le pays investit dans les énergies renouvelables, notamment avec des projets solaires et éoliens à Ouarzazate et Dakhla, susceptibles de générer des milliers d’emplois. L’usine de batteries pour véhicules électriques, annoncée en 2023, pourrait elle aussi devenir un moteur d’emplois pour les jeunes diplômés.
Malgré ces avancées, plusieurs obstacles persistent. Le marché du travail demeure rigide, avec un manque de flexibilité dans les contrats et une faible protection sociale. Le secteur informel continue de dominer, représentant environ 4,3 millions d’emplois en 2023, ce qui limite les perspectives de travail stable pour les jeunes. Par ailleurs, la mobilité professionnelle et géographique reste limitée, notamment en raison des disparités entre les grandes villes et les régions rurales. Une meilleure coordination entre les politiques de l’emploi, de l’éducation et du développement régional est nécessaire pour créer un écosystème plus inclusif.
En conclusion, l’emploi des jeunes au Maroc reste un défi majeur, mais aussi une opportunité pour le développement économique du pays. Les initiatives mises en place montrent des résultats encourageants, mais doivent être renforcées pour garantir une insertion professionnelle durable. L’avenir de l’emploi des jeunes repose sur une approche intégrée, impliquant l’État, le secteur privé et les organisations de la société civile, afin de construire un marché du travail plus dynamique et inclusif.