Publié le 22 mars
par J. Hafati
L’agriculture représente environ 14 % du PIB du Maroc et emploie près de 30 à 40 % de la population active. Réduire cette part tout en maintenant une production agricole suffisante pour la consommation intérieure nécessite une transformation structurelle majeure. Plus
Cela impliquerait un renforcement des secteurs industriels et des services pour absorber la part économique libérée par l’agriculture. Historiquement, des pays comme la Malaisie et la Corée du Sud ont réussi une telle transition en misant sur l’industrialisation et la montée en compétence de la main-d'œuvre.Conditions nécessaires à la transition
Pour que cette mutation soit viable, il faudrait une modernisation de l’agriculture, la rendant plus productive avec moins de main-d'œuvre et destinée principalement à la consommation intérieure. L’agro-technologie (irrigation intelligente, biotechnologies, robotisation) permettrait d’améliorer les rendements et de libérer des ressources humaines pour d'autres secteurs. De plus, des politiques de formation et de reconversion seraient indispensables pour orienter les travailleurs agricoles vers l’industrie et les services. La montée en gamme du secteur manufacturier et des nouvelles technologies pourrait compenser la perte de valeur ajoutée agricole.
Potentialités de rééquilibrage sectoriel
Le Maroc bénéficie d’un fort potentiel industriel et technologique, notamment dans l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables. Actuellement, le secteur industriel représente environ 26 % du PIB, mais pourrait être porté à 35-40 % en stimulant l’investissement et en intégrant davantage les chaînes de valeur mondiales. De même, les services (tourisme, finance, digital), qui comptent déjà pour près de 50 % du PIB, pourraient croître grâce à la transformation numérique et à l’essor des startups. Une telle redistribution économique permettrait de réduire la vulnérabilité aux aléas climatiques qui affectent l’agriculture.
Facteurs favorables à la transition
Parmi les éléments plaidant en faveur de cette vision, on retrouve la croissance du secteur industriel, soutenue par l’attractivité des zones franches et des investissements étrangers. Le Maroc possède un réseau d’infrastructures de qualité (TGV, ports, autoroutes) facilitant l’expansion industrielle. Par ailleurs, les politiques publiques, comme le Plan d’Accélération Industrielle et la Stratégie Maroc Digital, visent à diversifier l’économie. De plus, la transition démographique et l’urbanisation croissante favorisent le développement des services et de la consommation intérieure.
Obstacles et limites de cette transformation
Cependant, plusieurs défis entravent cette mutation. La dépendance de l’emploi à l’agriculture reste forte, et la reconversion de millions de travailleurs peu qualifiés vers d’autres secteurs nécessiterait d’importants efforts de formation. De plus, l’agriculture joue un rôle social et culturel essentiel, notamment dans les zones rurales où elle constitue la principale source de revenu. L’industrialisation nécessite aussi des investissements massifs en innovation et en éducation, ce qui pourrait prendre plusieurs décennies.
Scénario de projection à horizon 2050
Dans un scénario réaliste, en combinant modernisation agricole, industrialisation accrue et croissance des services, la part de l’agriculture pourrait tomber sous les 8-10 % du PIB d’ici 2050. L’industrie pourrait atteindre 35-40 % du PIB, et les services dépasser les 55 %. Cette transition impliquerait une hausse des salaires et du niveau de vie, une plus grande résistance aux crises climatiques et une meilleure intégration aux marchés internationaux.
La réduction de la part de l’agriculture dans l’économie marocaine est réalisable à condition d’une modernisation rapide du secteur et d’une montée en puissance de l’industrie et des services. Si les infrastructures et les politiques économiques suivent, le Maroc pourrait devenir un hub industriel et numérique, réduisant ainsi sa dépendance aux chocs climatiques et à la volatilité des marchés agricoles. Toutefois, cette transition exige une gestion prudente des effets sociaux pour éviter une fracture entre zones urbaines et rurales.









