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26 mai 2025

TECHNOLOGIE : Impact environnemental du numérique : vers une tech plus verte ? Par G. Paranton

Publié par G. Paranton le 26/5/2025

 
 Depuis deux décennies, les technologies numériques ont transformé nos vies :  communication instantanée, services en ligne, objets connectés, intelligence artificielle… Pourtant, cette dématérialisation apparente cache une empreinte écologique bien réelle. Derrière chaque clic, chaque vidéo en streaming ou chaque fichier stocké dans le cloud se cache une infrastructure physique : serveurs, data centers, réseaux, satellites. Ce monde invisible consomme de l’énergie, mobilise des ressources naturelles, et génère des déchets électroniques de plus en plus préoccupants.Selon l’ADEME, le numérique représenterait environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre en constante augmentation. 
Les data centers, qui font fonctionner l’Internet 24h/24, consomment une quantité massive d’électricité pour alimenter et refroidir leurs serveurs. De même, les équipements utilisateurs (smartphones, ordinateurs, téléviseurs connectés) participent à cette surconsommation énergétique, notamment à cause de leur renouvellement fréquent et de l'obsolescence programmée.La fabrication des équipements numériques exige l'extraction de métaux rares comme le cobalt, le lithium ou le tantale. 
Ces extractions, souvent concentrées dans des pays du Sud, ont un impact écologique et humain dramatique : pollution des sols, épuisement des ressources, conditions de travail précaires. En fin de vie, ces équipements deviennent des déchets électroniques, dont moins de 20 % sont correctement recyclés à l’échelle mondiale. Le reste finit souvent dans des décharges sauvages ou des filières informelles.Au niveau individuel, nos usages ont aussi un coût environnemental. Regarder des vidéos en haute définition, stocker des milliers de photos inutilisées dans le cloud, laisser des onglets ouverts en permanence ou activer des notifications inutiles : autant de gestes banals qui génèrent une consommation énergétique inutile. La généralisation du télétravail et des visioconférences, bien que réduisant certains déplacements, augmente aussi la demande de bande passante et donc l’énergie consommée. 
Face à ce constat, une prise de conscience émerge dans les sphères politiques, économiques et citoyennes. Certains pays ou villes imposent désormais des normes écologiques aux centres de données, favorisent l’achat de matériel reconditionné ou soutiennent des initiatives de recyclage. Des entreprises s’engagent dans des démarches dites de "sobriété numérique" : serveurs alimentés par des énergies renouvelables, algorithmes optimisés, ou limitation du poids des contenus web.Des solutions techniques et comportementales existent pour verdir le numérique. L’écoconception logicielle, par exemple, consiste à développer des sites et applications moins gourmands en ressources. Le développement de l’économie circulaire, à travers la réparation, le reconditionnement et le réemploi des appareils, constitue aussi une réponse concrète. 
À l’échelle des utilisateurs, adopter une posture de sobriété (désinstaller les applis inutiles, privilégier le Wi-Fi, prolonger la durée de vie des appareils) peut réellement contribuer à la réduction de l’empreinte carbone individuelle.Enfin, paradoxalement, le numérique peut aussi être un levier de la transition écologique : optimisation énergétique des bâtiments grâce aux capteurs, agriculture de précision, plateformes de mobilité partagée, ou encore modélisation climatique par l’intelligence artificielle. 
Tout l’enjeu est de réorienter la technologie vers des usages sobres, utiles et responsables, au lieu de la laisser amplifier des logiques de consommation et de gaspillage. La tech verte ne sera pas seulement une affaire d’innovation, mais aussi de volonté collective et de changement culturel.

 

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