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25 mai 2025

WEB3 : Web3 et gouvernance décentralisée – Par G. Paranton

Publié par G. Paranton le 25/5/2025

 L’émergence du Web3 marque une rupture fondamentale avec les modèles centralisés du Web traditionnel. 

Fondé sur la technologie de la blockchain, Web3 vise à redonner le contrôle aux utilisateurs en favorisant la transparence, la souveraineté numérique et la participation directe. Dans ce nouveau paradigme, les organisations autonomes décentralisées (DAO) incarnent un modèle de gouvernance inédit, où les règles sont codifiées dans des contrats intelligents, et les décisions prises collectivement par la communauté via la détention de tokens.

Une DAO repose sur un principe central : l’absence d’autorité centrale. Contrairement aux entreprises traditionnelles, gouvernées par des dirigeants ou actionnaires majoritaires, les DAO délèguent le pouvoir décisionnel aux membres de la communauté. Chaque détenteur de token a le droit de proposer ou de voter sur des décisions, proportionnellement à la quantité de tokens qu’il possède. Cela permet une gouvernance participative et transparente, où les intérêts de la majorité peuvent théoriquement s’exprimer sans intermédiaire.

La mise en place de tels modèles nécessite toutefois une architecture technique et sociale rigoureuse. Les contrats intelligents (smart contracts) sont programmés pour exécuter automatiquement les décisions votées par la communauté. Ces contrats définissent les règles de fonctionnement de la DAO : modalités de vote, seuils de quorum, mécanismes de proposition, gestion des fonds, etc. Un bon design de ces mécanismes est crucial pour assurer la résilience de la gouvernance et éviter les abus, les blocages ou la capture du pouvoir par des minorités agissantes.

Différents modèles de gouvernance communautaire ont ainsi vu le jour, chacun avec ses spécificités. Le modèle “1 token = 1 vote” est le plus répandu, mais il pose des problèmes de concentration de pouvoir. Pour pallier cela, des approches alternatives comme la quadratic voting, mécanisme de prise de décision collective où les systèmes de réputation sont expérimentés. Ces modèles cherchent à équilibrer l’influence entre les membres, valoriser les contributions qualitatives et renforcer l’inclusivité des décisions collectives.

La gouvernance décentralisée pose néanmoins des défis importants. Outre les risques techniques (failles dans les smart contracts), elle soulève des questions sociales et juridiques : comment assurer la participation active des membres ? Comment gérer les conflits ou les comportements malveillants ? Quelle légitimité accorder aux décisions d’une communauté parfois anonyme et dispersée ? Ces enjeux nécessitent une réflexion éthique et politique continue, ainsi qu’un accompagnement juridique dans les zones grises de la régulation.

Malgré ces défis, les DAO représentent une innovation majeure dans la manière d’organiser les collectifs à l’ère numérique. En transformant les utilisateurs en coproducteurs des décisions, elles réinventent les principes de gouvernance démocratique dans les espaces numériques. Web3 n’est pas seulement une évolution technologique ; c’est aussi une révolution des modèles d’organisation, qui pourrait influencer à long terme aussi bien les structures économiques que les mouvements sociaux ou politiques.

Ainsi, la mise en place de modèles de gouvernance communautaire dans Web3 n’est pas un simple enjeu technique, mais un processus sociotechnique complexe. Il exige des outils robustes, une communauté engagée et des garde-fous pour garantir l’équité, la transparence et la durabilité. En combinant innovation technologique et intelligence collective, les DAO dessinent les contours d’un nouveau type de gouvernance, adapté aux enjeux du XXIe siècle.



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