
Il est devenu presque banal
d’entendre que la planète va mal : dérèglement climatique, perte de
biodiversité, pollutions multiples, ressources épuisées. Mais à qui la faute ?
Selon le World Inequality Report 2022, les 10 % les plus riches de la population mondiale sont responsables de près de 50 % des émissions mondiales de CO₂. À l’inverse, la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en produit que 12 %. Le rapport va plus loin : un individu du 1 % le plus riche émet en moyenne 70 tonnes de CO₂ par an, contre moins d’une tonne pour une personne parmi les 50 % les plus pauvres.
La course effrénée à la croissance a démarré au XIXe siècle, avec l’industrialisation des grandes puissances : Royaume-Uni, France, Allemagne, États-Unis. La consommation de charbon puis de pétrole s’est imposée comme le carburant du progrès. Durant le XXe siècle, le mode de vie occidental s’est imposé comme modèle universel : voiture individuelle, viande à tous les repas, climatiseur, avion pour les vacances. À titre d’exemple :
En 1950, les États-Unis comptaient 40 millions de voitures. En 2023, plus de 290 millions.
En 1970, la consommation mondiale d’énergie était de 4 700 Mtep (millions de tonnes équivalent pétrole). En 2022, elle dépasse les 14 000 Mtep, selon BP Statistical Review.
En 2021, les seuls États-Unis ont consommé à eux seuls 16 % de l’énergie mondiale... pour moins de 5 % de la population mondiale.
Pendant que des centaines de millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’électricité, à l’eau potable ou à des soins de santé de base, une poignée d’ultra-riches vivent dans un luxe énergivore :
Le yacht d’un milliardaire consomme en un jour ce qu’un village africain en un an.
Les jets privés des 1 % les plus riches sont responsables d’une empreinte carbone 14 fois supérieure à celle des vols commerciaux, selon Transport & Environment.
En 2023, les 125 milliardaires les plus polluants émettaient chacun plus de 3 millions de tonnes de CO₂ par an, selon un rapport d’Oxfam.
Les États riches n’ont pas seulement surconsommé ; ils ont aussi bloqué les négociations climatiques, subventionné les énergies fossiles (encore à hauteur de 7 000 milliards de dollars en 2022, selon le FMI), et externalisé leurs pollutions en délocalisant les usines dans le Sud global. Par exemple :
L’Europe et les États-Unis ont longtemps exporté leurs déchets plastiques en Asie du Sud-Est.
La Chine, « l’usine du monde », émet certes beaucoup de CO₂, mais plus de 40 % de ces émissions sont liées à la production de biens exportés vers les pays développés.
Le paradoxe est cruel : les plus vulnérables subissent les pires effets du changement climatique, alors qu’ils en sont les moins responsables. Sécheresses au Sahel, inondations au Bangladesh, cyclones dans les Caraïbes… Ces régions paient le prix des excès d’autrui. Selon la Banque mondiale, 130 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans l’extrême pauvreté d’ici 2030 à cause du réchauffement climatique.
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