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11 juin 2025

CHRONIQUE : L’Europe malade de ses agresseurs fous- Par A. Laalioui

Publié par A. Laalioui le 11/6/2025

 

Depuis quelques années, l’Europe semble confrontée à une vague insidieuse d’agressions violentes, souvent perpétrées au couteau ou à l’aide de véhicules-béliers . 

Ce phénomène, bien que difficile à circonscrire en raison de la diversité des contextes et des profils impliqués, n’en constitue pas moins une source de peur, d’émotion collective et de tension politique croissante. Des capitales comme Paris, Londres ou Berlin aux villes moyennes comme Annecy ou Conflans-en-Jarnisy, les sociétés européennes sont régulièrement frappées par des actes d’une brutalité parfois inexplicable, souvent spectaculaires, toujours déroutants.

Entre 2022 et 2025, plusieurs attaques ont marqué les esprits et alimenté les débats. En juin 2023, à Annecy, un réfugié syrien poignardait plusieurs enfants dans un parc, sans motivation clairement identifiée. À Londres, en décembre 2022, une voiture-bélier était lancée contre des piétons dans une artère commerçante, un acte revendiqué par un individu radicalisé. En novembre 2023, Bruxelles était à son tour frappée lorsqu’un homme attaqua au couteau deux passants dans une station de métro, tuant avant d’être lui-même abattu par les forces de l’ordre. Plus récemment, à Milan en février 2025, un adolescent de 17 ans attaquait ses camarades dans un lycée, après avoir exprimé sur les réseaux sociaux sa haine de la société.

Le 9 juin 2025, un nouveau drame secouait la France : un élève de 14 ans poignardait à mort une surveillante dans un collège de Conflans-en-Jarnisy, avec un couteau de cuisine qu’il avait apporté de chez lui. L’acte, selon les premiers éléments de l’enquête, était prémédité et aurait pour origine un différend personnel avec la victime. Ce geste d’une violence glaçante, commis par un adolescent si jeune, a relancé les interrogations sur la santé mentale des élèves, les moyens de prévention en milieu scolaire, et l’évolution de la violence juvénile.

Ces actes, bien qu’ils se ressemblent par leur nature brutale, sont loin d’avoir tous les mêmes causes. Certains relèvent de la mouvance islamiste radicale, avec des auteurs endoctrinés sur Internet, agissant seuls, mais en référence explicite à des appels à la violence. D’autres, plus nombreux ces derniers temps, semblent échapper à toute logique idéologique : ils sont le fait de personnes souffrant de troubles psychiatriques, de jeunes en grande détresse psychologique, ou encore d’individus en rupture sociale complète, dont la haine du monde ou le sentiment d’injustice se transforment en actes désespérés et meurtriers.

L’Europe peine à anticiper et à contenir cette violence polymorphe. Les filets sociaux se délitent, notamment dans les quartiers populaires ou les zones rurales délaissées. La coordination entre les institutions – écoles, services de santé mentale, forces de l’ordre – reste lacunaire. La justice, souvent critiquée pour sa lenteur ou son manque de sévérité, n’inspire plus la confiance de certains citoyens, qui réclament des mesures plus fermes, voire des sanctions immédiates. Pourtant, face à cette montée des violences, la réponse sécuritaire seule ne suffit pas. Si les dispositifs de surveillance et les outils technologiques se sont renforcés, la prévention psychologique et sociale reste largement sous-financée.

Il devient urgent de comprendre que ces attaques, aussi diverses soient-elles, sont le miroir d’un malaise plus profond. Elles traduisent le dérèglement de certains équilibres fondamentaux : l’intégration sociale, la santé mentale, le lien entre l’individu et la société, la capacité de l’école à détecter les signaux faibles. Elles interrogent aussi la place des jeunes dans une Europe anxieuse, souvent fragmentée, marquée par la solitude numérique et la dépolitisation.

Chaque attaque au couteau, chaque voiture lancée contre une foule, chaque adolescent armé qui poignarde un professeur ou une surveillante n’est pas seulement un drame isolé. C’est le symptôme d’un corps social qui souffre, d’une démocratie fragile, et d’une civilisation qui n’a peut-être pas su offrir à tous une place digne, sécurisante et structurante. L’Europe peut-elle continuer à se contenter de traiter les conséquences de ces violences sans en affronter les racines profondes ? Car tant que ces causes resteront ignorées, la chronique des agressions continuera de s’écrire, sinistrement, dans l’actualité du continent.



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