Dans les montagnes du Cantal, le petit village de Saint-Léger-sur-Lac vivait au rythme paisible de son plan d’eau, un lac de cinq hectares niché entre les collines.
Antoine, fasciné par les légendes locales, interrogea les habitants. Le maire, un homme bourru, lui assura que c’était "juste un phénomène naturel", mais refusa de financer des recherches. Une vieille femme, Mme Girard, lui chuchota que le lac était maudit depuis qu’un jeune homme s’y était noyé cent ans plus tôt. Un fermier, lui, jurait avoir entendu des gargouillis sourds la veille de la disparition, "comme si un monstre avalait l’eau". Antoine, sceptique mais intrigué, décida de camper sur place pour observer le phénomène.
Armé d’une lampe torche et d’un enregistreur, Antoine passa la nuit au bord du lac. Vers 3h du matin, un grondement sourd se fit entendre. L’eau se mit à tourbillonner lentement, comme aspirée par un immense évier. En quelques heures, le lac entier fut englouti, ne laissant que de la vase fumante. Antoine, stupéfait, filma tout et préleva des échantillons de terre. Le lendemain, il envoya ses images à un géologue de Toulouse, le Dr Lambert, qui accepta de venir sur place.
Après des analyses, le Dr Lambert fit une découverte surprenante : sous le lac se trouvait un réseau de grottes calcaires, relié à une rivière souterraine. Une faille étroite, activée par les marées terrestres (des mouvements imperceptibles de la croûte terrestre), s’ouvrait brièvement une fois par an, aspirant l’eau comme un siphon géant. "C’est extrêmement rare, mais pas surnaturel", expliqua-t-il. Le "monstre" n’était qu’un phénomène géologique méconnu.
La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Des touristes et des scientifiques affluèrent pour observer le "lac vampire". Le maire, voyant l’opportunité, organisa même un festival annuel, "La Nuit du Lac Fantôme", avec visites guidées et stands de crêpes. Antoine, devenu célèbre pour son reportage, fut nommé citoyen d’honneur. Quant à Mme Girard, elle resta persuadée que le fantôme du noyé ouvrait la faille… mais elle vendit des tisanes aux visiteurs en racontant son histoire.
Un mois plus tard, comme par magie, le lac se remplit à nouveau. Les pluies d’automne et la rivière souterraine, ayant changé de direction, l’alimentèrent tranquillement. Les poissons réapparurent, comme si de rien n’était. Le village retrouva son calme… en attendant l’année suivante. Aujourd’hui, une pancarte à l’entrée du lac résume tout: "Ici, l’eau part en vacances une fois par an. Priez pour qu’elle revienne."
SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼