À LA UNE

NAVIGATION

SUIVEZ-NOUS SUR Suivez-nous

DÉTENTE

16 juin 2025

TECHNOLOGIE: Les bâtiments à énergie positive; vers une nouvelle norme urbaine ? Par G. Amidot

G. Amidot le 16/6/2025 


Les bâtiments à énergie positive (BEPOS) incarnent une révolution majeure dans la conception architecturale et urbaine.

Contrairement aux bâtiments traditionnels qui consomment plus d’énergie qu’ils n’en produisent, ces constructions sont conçues pour générer, grâce aux énergies renouvelables, davantage d’énergie qu’elles n’en utilisent. Cette approche s’inscrit dans une démarche globale de transition écologique, visant à réduire drastiquement l’empreinte carbone des villes, qui sont aujourd’hui responsables de plus de 70 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Cette innovation repose sur plusieurs piliers technologiques et architecturaux. L’isolation thermique renforcée, la ventilation contrôlée, les vitrages performants, combinés à l’intégration systématique de panneaux photovoltaïques, d’éoliennes urbaines ou encore de systèmes géothermiques, permettent de réduire les besoins énergétiques tout en produisant de l’énergie locale. Par ailleurs, l’utilisation de matériaux biosourcés et à faible impact environnemental participe à la durabilité de ces bâtiments. Le numérique joue également un rôle essentiel, via les systèmes de gestion intelligente qui optimisent en temps réel la consommation énergétique.

Au-delà de la performance technique, les BEPOS bouleversent la manière de penser la ville et son développement. Ils invitent à repenser l’urbanisme en intégrant la production énergétique au cœur même des quartiers. On imagine ainsi des îlots urbains interconnectés où les surplus d’énergie d’un bâtiment peuvent alimenter les besoins d’un autre, créant des réseaux intelligents et décentralisés. Ce modèle pourrait favoriser une plus grande résilience énergétique des villes face aux crises climatiques et aux coupures de réseau.

Sur le plan économique, les bâtiments à énergie positive représentent à la fois un défi et une opportunité. Le coût initial de construction reste plus élevé que pour les bâtiments classiques, ce qui freine encore leur généralisation. Toutefois, les économies d’énergie réalisées sur le long terme, associées aux incitations gouvernementales et à la valorisation immobilière croissante des biens écologiques, tendent à rendre ces projets rentables. De plus, la création de nouveaux métiers autour des énergies renouvelables et des technologies vertes dynamise le marché de l’emploi.

D’un point de vue réglementaire, plusieurs pays ont commencé à intégrer les normes BEPOS dans leurs politiques urbaines. En France, par exemple, la réglementation thermique RT 2020 impose déjà que tous les bâtiments neufs soient à énergie positive ou à très faible consommation d’ici 2023. Cette dynamique se retrouve dans plusieurs grandes métropoles mondiales, qui adoptent des chartes de construction durable et des labels environnementaux exigeants. La montée en puissance de ces normes pourrait bientôt transformer les bâtiments à énergie positive en standard, voire en obligation.

Cependant, la généralisation des BEPOS nécessite de surmonter certains obstacles majeurs. Il faut d’abord sensibiliser davantage les acteurs du secteur – maîtres d’ouvrage, architectes, urbanistes – à ces nouvelles exigences, et former les professionnels aux techniques spécifiques. L’acceptation sociale est également clé, car ces bâtiments impliquent parfois des contraintes esthétiques ou techniques perçues comme restrictives. Enfin, les infrastructures énergétiques urbaines doivent évoluer pour gérer efficacement cette production décentralisée, avec des réseaux intelligents capables d’absorber et redistribuer l’énergie produite localement.

Les bâtiments à énergie positive dessinent une vision ambitieuse et nécessaire pour les villes de demain. Plus qu’un simple enjeu technique, ils incarnent un véritable changement de paradigme, où l’architecture et l’urbanisme se conjuguent avec la transition énergétique pour construire des espaces de vie durables, économes et résilients. Si les défis sont encore nombreux, la dynamique est lancée : la norme urbaine de demain pourrait bien être celle d’une ville qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme, pour le bien-être de tous et de la planète.


Kaleidoscope

SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼

Bluesky Facebook Mastodon

VISITEURS