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19 juin 2025

WEB3 : La gouvernance participative dans le Web3 : utopie ou futur modèle organisationnel ? Par G. Amidot

Kaleidoscope      

G. Amidot 19/6/2025

 

Le Web3, souvent présenté comme la prochaine évolution d’Internet, promet de redistribuer le pouvoir des grandes plateformes centralisées vers les utilisateurs.

Au cœur de cette transformation se trouve la notion de gouvernance participative, rendue possible par la technologie de la blockchain. Elle propose un modèle décentralisé dans lequel chaque utilisateur peut, théoriquement, prendre part aux décisions qui structurent une organisation, un protocole ou une communauté numérique. Ce changement paradigmatique soulève une question essentielle : la gouvernance participative dans le Web3 est-elle une utopie technophile ou une réelle alternative au modèle hiérarchique dominant ?

Les organisations autonomes décentralisées (DAO) constituent l’un des piliers de cette gouvernance participative. Grâce aux smart contracts, elles permettent à des communautés d’administrer ensemble un projet sans structure centralisée. Chaque membre peut proposer une initiative, voter et voir sa voix comptabilisée sur une blockchain, en toute transparence. Des projets comme MakerDAO ou Uniswap illustrent cette logique, avec des décisions communautaires portant sur des aspects aussi cruciaux que la gestion de fonds, les évolutions du protocole ou l’attribution de subventions.

Cependant, cette promesse rencontre plusieurs limites pratiques. D’abord, la participation effective reste souvent faible : seuls une minorité d’utilisateurs votent réellement, en raison de la complexité des enjeux techniques ou de la fatigue décisionnelle. Ensuite, le poids des « tokens » (jetons) comme critères de vote crée des déséquilibres : ceux qui possèdent beaucoup de tokens, souvent les premiers investisseurs ou les grandes structures, détiennent un pouvoir disproportionné. Ainsi, certaines DAO deviennent de facto gouvernées par des oligarchies numériques.

D’un autre côté, le Web3 introduit une culture de la transparence et de la traçabilité, qui peut contribuer à renouveler les principes démocratiques dans les espaces numériques. Chaque décision est enregistrée sur la blockchain, chaque transaction est visible, et les règles du jeu sont définies par des protocoles ouverts. Ce modèle suscite l’intérêt d’acteurs au-delà de la sphère crypto : des villes comme Séoul ou des ONG expérimentent des systèmes de gouvernance Web3 pour la gestion locale ou la coordination de projets citoyens.

Mais la gouvernance participative ne peut pas reposer uniquement sur la technologie. Elle nécessite un cadre juridique clair, une éducation numérique poussée, et une culture collaborative forte. Or, dans un écosystème encore jeune, dominé par la spéculation financière et parfois vulnérable aux manipulations, ces conditions ne sont pas toujours réunies. Il ne suffit pas de décentraliser pour démocratiser : encore faut-il que la participation soit réellement accessible, inclusive et délibérative.

En somme, la gouvernance participative dans le Web3 oscille entre un idéal encore imparfaitement réalisé et une série d’expérimentations concrètes appelées à évoluer. Si les obstacles sont nombreux, ils ne doivent pas occulter le potentiel transformateur de ce modèle. À condition d’en corriger les biais actuels et de l’inscrire dans une vision plus large de la démocratie numérique, la gouvernance Web3 pourrait bien préfigurer un futur modèle organisationnel plus transparent, collaboratif et résilient.


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