L’évolution des conflits contemporains met en lumière l’affaiblissement progressif du droit international humanitaire (DIH).
Le cas de l’Ukraine illustre bien ce phénomène. Depuis 2022, les bombardements visant directement des infrastructures civiles, notamment énergétiques, hospitalières et scolaires, se multiplient. Les attaques contre des villes entières, menées sans distinction, violent les principes fondamentaux du DIH tels que la proportionnalité et la distinction. Malgré les condamnations de l’ONU et de la Cour pénale internationale, les violations persistent, révélant la difficulté des institutions internationales à imposer des sanctions immédiates et dissuasives.
Dans la bande de Gaza, la situation n’est pas moins alarmante. Les opérations militaires y provoquent régulièrement de lourdes pertes civiles et la destruction d’infrastructures vitales. Les groupes armés utilisent parfois les zones densément peuplées comme boucliers humains, tandis que les ripostes massives menées par des armées régulières dépassent souvent le seuil de proportionnalité. Ici encore, les mécanismes de protection internationale se heurtent à l’impasse diplomatique et au veto des grandes puissances au Conseil de sécurité, paralysant toute action efficace.
Le Soudan offre un autre exemple où la guerre civile a plongé des millions de civils dans la famine, les déplacements forcés et les massacres de masse. Les attaques indiscriminées contre des villages, les violences sexuelles systématiques et le ciblage délibéré des convois humanitaires témoignent d’un mépris croissant pour les normes du DIH. La lenteur et la faiblesse des réactions internationales, malgré les alertes des ONG et agences onusiennes, confirment un climat d’impunité inquiétant.
Au cœur de cette crise se trouve la transformation même des guerres modernes. Dans les conflits asymétriques, les acteurs non étatiques n’ont souvent ni la volonté ni la capacité de respecter les conventions internationales, tandis que les armées régulières justifient leurs excès au nom de la lutte antiterroriste. Le résultat est une érosion de la crédibilité du DIH, perçu par certains comme un instrument théorique, mais peu applicable dans les réalités du terrain.
Les institutions internationales, censées faire respecter ces règles, apparaissent souvent impuissantes. Le Conseil de sécurité est paralysé par les rivalités géopolitiques, la Cour pénale internationale manque de moyens coercitifs et les résolutions de l’ONU sont trop souvent ignorées. Les grandes puissances, lorsqu’elles sont impliquées ou alliées à l’une des parties, instrumentalisent le droit humanitaire plutôt que de l’imposer de façon impartiale.
Ainsi, l’affaiblissement du droit international humanitaire menace directement la protection des populations civiles et mine la légitimité de l’ordre international. Tant que les violations resteront sans conséquences réelles, les lignes rouges continueront d’être franchies. Seule une refonte des mécanismes de sanction et un engagement ferme des États à placer la protection humaine au-dessus des calculs stratégiques pourraient restaurer la force du DIH et redonner sens à ses principes fondateurs.
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