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03 juillet 2025

ÉCONOMIE : Radioscopie du mix énergétique mondial- Par J. Hafati

    J. Hafati 03/07/2025

 Kaleidoscope

La situation des énergies renouvelables dans le monde a connu une évolution spectaculaire au cours des deux dernières décennies.

Grâce à la baisse continue des coûts des technologies comme le solaire photovoltaïque et l’éolien, leur part dans la production d’électricité mondiale n’a cessé d’augmenter. Selon les données récentes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les énergies renouvelables représentaient près de 30 % de la production mondiale d’électricité en 2024, dominées par l’hydroélectricité, suivie du solaire et de l’éolien. Toutefois, leur part reste encore minoritaire dans la consommation totale d’énergie (incluant transport, chauffage, etc.), qui repose largement sur les énergies fossiles.

Le mix énergétique mondial reste donc dominé par le pétrole, le gaz naturel et le charbon, qui représentent encore plus de 70 % de l’énergie primaire consommée. À l’échelle planétaire, les énergies renouvelables progressent principalement dans la production d’électricité, alors que le transport dépend encore majoritairement des carburants fossiles, et que le chauffage utilise beaucoup de gaz ou de biomasse traditionnelle (notamment dans les pays en développement). Cette configuration explique pourquoi la transition énergétique reste lente malgré les engagements climatiques internationaux.

L’industrie des énergies renouvelables est aujourd’hui structurée autour de quelques grandes filières : solaire photovoltaïque, éolien terrestre et offshore, hydroélectricité, bioénergies, géothermie, et plus récemment l’hydrogène vert. Cette industrie est tirée par des géants mondiaux comme Vestas (éolien), LONGi et JinkoSolar (solaire), mais aussi par de nombreux acteurs publics et coopératifs. Elle dépend fortement des investissements en infrastructures, des politiques de soutien (subventions, tarifs de rachat, etc.), et des chaînes d’approvisionnement mondiales (notamment pour les matériaux rares).

Les perspectives de développement sont très positives. Selon l’AIE, près de 90 % des nouvelles capacités de production d’électricité installées en 2024 provenaient des renouvelables. La croissance annuelle du solaire dépasse désormais celle de toute autre technologie. Les scénarios de neutralité carbone à horizon 2050 reposent sur une électrification massive des usages (chauffage, transport) et un recours quasi exclusif à des énergies renouvelables couplées à des systèmes de stockage et de flexibilité du réseau.

Cependant, cette transition comporte des freins techniques et structurels. L’un des principaux défis est l’intermittence des sources renouvelables comme le solaire et l’éolien, qui dépendent des conditions météorologiques. Contrairement à une centrale à gaz ou à charbon, une installation solaire ne produit rien la nuit, et une éolienne reste silencieuse en l’absence de vent. Cette variabilité rend l’électricité renouvelable moins "ensilable" – c’est-à-dire plus difficile à stocker et à réguler dans le temps – et oblige à développer des solutions de stockage (batteries, hydrogène, STEP), ainsi qu’une gestion intelligente des réseaux.

Ce manque de "pilotabilité" peut contribuer à des déséquilibres sur les réseaux, notamment lors de pics de demande ou d’effondrements locaux de production, ce qui a déjà entraîné des coupures massives dans certaines régions très dépendantes du renouvelable, comme en Californie ou en Australie. Plus récemment, une panne géante a touché l’Espagne, le Portugal et le sud de la France, affectant des millions de foyers pendant plusieurs heures. Selon les autorités espagnoles, la cause de cette coupure résidait dans un déséquilibre soudain du réseau provoqué par une surproduction d’électricité solaire en milieu de journée, suivie d’une chute brutale de production due à un changement météorologique rapide. L’absence de capacité de stockage suffisante et le manque de coordination entre les réseaux interconnectés ont amplifié le phénomène, révélant la vulnérabilité des systèmes trop dépendants des renouvelables sans dispositifs d’ajustement adéquats.

En somme, si les énergies renouvelables constituent une réponse incontournable aux défis climatiques, leur intégration massive dans le système énergétique mondial nécessite une transformation profonde des infrastructures, une montée en puissance des technologies de stockage et une planification intelligente des réseaux électriques à l’échelle transnationale.



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