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24 juillet 2025

IA : Afrique et intelligence artificielle : sauter les étapes ou rester à la traîne ? Par G. Amidot

        ✍️Auteur : G. Amidot   🗓️ Date : 24/07/2025

Kaleidoscope 

L’Afrique se trouve à la croisée des chemins face à l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA).

Alors que les grandes puissances investissent massivement dans cette technologie de rupture, le continent africain est confronté à un dilemme stratégique : doit-il attendre de rattraper son retard technologique de manière progressive, ou au contraire, miser sur l’innovation pour sauter des étapes et se positionner comme un acteur de l’avenir numérique mondial ? Cette question engage des choix cruciaux en matière de souveraineté technologique, d’infrastructures et de vision politique.

L’un des enjeux majeurs pour l’Afrique réside dans sa souveraineté numérique. Aujourd’hui, la majorité des outils d’IA, des plateformes cloud aux modèles linguistiques, sont contrôlés par des entreprises américaines ou chinoises. Cette dépendance structurelle limite la capacité des pays africains à définir leurs propres priorités, à protéger leurs données sensibles et à développer des solutions adaptées à leurs réalités. Une IA développée hors du continent risque en effet de perpétuer des biais culturels, linguistiques et sociaux qui nuisent à son efficacité sur le terrain africain.

Mais pour s’engager dans cette course technologique, encore faut-il relever le défi de l’infrastructure. Le déploiement de centres de données, l’accès à Internet haut débit, l’électrification stable ou encore la formation des talents en sciences des données et en développement IA restent des obstacles importants. Selon l’Union internationale des télécommunications, en 2023, moins de 40 % des Africains avaient un accès régulier à Internet, ce qui limite considérablement la capacité de déployer des technologies IA à grande échelle, notamment dans les zones rurales.

Cependant, l’Afrique a aussi des atouts uniques qui peuvent faire d’elle un terrain fertile pour l’IA. Le continent dispose de la population la plus jeune au monde, avec une majorité de moins de 25 ans, qui représente une réserve immense de talents numériques en devenir. Des initiatives locales fleurissent déjà, comme les laboratoires d’IA au Ghana, au Rwanda ou au Kenya, qui développent des solutions pour l’agriculture intelligente, la santé prédictive ou la gestion des langues africaines dans le traitement automatique du langage naturel. Cette dynamique témoigne d’un potentiel endogène fort, à condition qu’il soit soutenu.

L’un des leviers pour accélérer ce saut technologique réside dans la mutualisation des efforts à l’échelle panafricaine. La création d’un écosystème de recherche partagé, l’harmonisation des cadres juridiques, la mise en réseau des universités et la mobilisation de fonds souverains pour financer des startups d’IA sont autant de moyens pour que l’Afrique prenne en main son destin numérique. L’Union africaine pourrait jouer un rôle catalyseur en fixant une vision commune de l’IA pour le développement.

Finalement, l’alternative n’est pas binaire : il ne s’agit pas de sauter aveuglément les étapes ni de rester figé dans l’attente. L’Afrique doit définir sa propre trajectoire technologique, en tirant parti des raccourcis permis par les technologies ouvertes et mobiles, tout en bâtissant progressivement les infrastructures essentielles et les compétences nécessaires. L’IA n’est pas un luxe, mais un outil stratégique pour relever les grands défis du continent : santé, éducation, agriculture, climat. En assumant un rôle proactif, l’Afrique peut éviter de subir cette révolution et en devenir l’un des moteurs.

 





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