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05 août 2025

BILLET : Radioscopie de ce qui se passe à Gaza- Par A. Laalioui

        ✍️Auteur : A. Laalioui 🗓️ Date : 05/08/2025

Kaleidoscope 

Franchement, les observateurs qui n'ont pas accès à une vision intérieure de Gaza — autrement dit le monde entier — n'ont aucune idée de ce qui s’y déroule réellement.

Les témoignages se contredisent, les récits officiels se brouillent, et les interprétations circulent, souvent plus incompréhensibles les unes que les autres. Pourtant, les faits existent, documentés par des enquêtes, des rapports et des images, et il importe de dresser un tableau aussi clair que possible. Car à Gaza, l’espoir d’une vision nette de la situation est vital : il en va de la compréhension d’une tragédie humanitaire sans précédent.

La bande de Gaza traverse une catastrophe humanitaire extrême : plus d’un million de personnes risquent la famine, des milliers d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, et depuis mai 2025, plus de mille civils ont trouvé la mort en tentant simplement d’obtenir de l’aide alimentaire. Ces décès se produisent principalement aux abords des points de distribution organisés par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël. Ce contexte de détresse absolue transforme chaque rassemblement en piège mortel.

La question qui brûle toutes les lèvres est simple : les Israéliens tirent-ils délibérément sur la population vulnérable venue chercher de quoi survivre?  Des enquêtes publiées par des médias tels que Haaretz et confirmées par des témoignages internes révèlent que l’armée israélienne a bel et bien reçu des ordres explicites de tirer sur des civils désarmés qui attendaient de la nourriture, officiellement pour « contrôler les foules », même lorsqu’aucune menace n’existait. Plusieurs officiers ont reconnu que des tirs d’artillerie inappropriés avaient causé des dizaines de morts parmi des gens simplement affamés. D’autres sources rapportent que la peur est entretenue par des drones et des tirs qui sèment régulièrement la panique, provoquant des bousculades et des morts supplémentaires dans des lieux comme Rafah et le corridor de Netzarim.

Certains avancent que les tirs pourraient provenir des agents de sécurité employés par le GHF lui-même. Ces derniers, chargés de maintenir l’ordre autour des points de distribution, ont effectivement utilisé des moyens coercitifs, tels que grenades assourdissantes et gaz lacrymogènes, parfois accompagnés de coups de feu pour disperser les foules massées derrière des barrières. Toutefois, la grande majorité des décès est attribuée aux forces israéliennes, qui agissent souvent à distance, tirant depuis l’extérieur des zones de distribution.

Une autre hypothèse largement discutée est celle du détournement de l’aide par le Hamas. Mais jusqu’ici, aucune preuve solide ne confirme que le mouvement islamiste se soit systématiquement emparé des cargaisons fournies par l’ONU. Plusieurs hauts responsables israéliens eux-mêmes, ainsi que des observateurs européens, affirment que le Hamas n’a pas pillé l’aide humanitaire des Nations unies. En revanche, des groupes criminels bien identifiés, souvent constitués de clans armés locaux, interceptent régulièrement les camions à leur arrivée, pillent les cargaisons et les revendent au marché noir ou les distribuent de manière illégale. Selon des rapports crédibles, entre 40 et 60 % de l’aide se perd ainsi dans les mains de ces bandes organisées.

Plus troublant encore, certaines enquêtes indiquent que ces gangs ont parfois bénéficié de la protection, ou du moins de la tolérance de l’armée israélienne. Ce phénomène a été largement documenté par des sources américaines et israéliennes, révélant une collusion implicite : ces bandes criminelles, loin de représenter un contre-pouvoir, serviraient en réalité à maintenir un climat de chaos et à affaiblir la distribution humanitaire officielle. Elles sont parfois en rivalité avec des groupes affiliés au Hamas, mais la frontière entre connivence et opposition reste floue.

En résumé, la situation humanitaire à Gaza se présente comme un engrenage cruel. Les civils sont contraints de choisir entre la faim et le risque de mourir en cherchant de l’aide. Les forces israéliennes, selon de nombreux témoignages concordants, ont bel et bien utilisé la force létale contre des foules désarmées, dans une logique de dissuasion brutale. Le GHF, censé sécuriser l’aide, est accusé d’avoir mis en place des dispositifs de distribution où la peur et la violence règnent. Le Hamas, malgré son image de prédateur de l’aide, n’apparaît pas comme le principal responsable du pillage ; ce rôle revient surtout à des gangs criminels locaux, parfois soutenus ou ignorés par Israël.

Ainsi, la population gazaouie est prise dans une nasse sans issue, ballottée entre la famine et la mort, tandis que l’opacité de l’information internationale entretient le doute. La radioscopie de la situation à Gaza révèle un constat glaçant : la distribution d’aide, censée sauver des vies, est devenue un théâtre de violence, de manipulations et de tragédies, où les plus vulnérables paient le prix ultime.







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