La sécurité alimentaire mondiale traverse une phase critique,
marquée par une hausse des tensions sur les ressources agricoles stratégiques
comme le blé, l’eau et les engrais.
Le blé, pilier de l’alimentation mondiale, est particulièrement exposé. La guerre en Ukraine a montré la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement : ce pays et la Russie représentent ensemble près d’un tiers des exportations mondiales de blé. Les blocages portuaires, sanctions et restrictions d’exportation ont provoqué des pénuries temporaires et des hausses spectaculaires des prix, impactant gravement des régions comme l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et certaines parties de l’Asie, où le pain demeure un aliment de base.
L’eau constitue une autre source majeure d’inquiétude. Le changement climatique modifie le cycle hydrologique : sécheresses prolongées, assèchement des nappes phréatiques et raréfaction des pluies affectent la productivité agricole. Des fleuves stratégiques comme le Nil, le Tigre et l’Euphrate deviennent l’objet de tensions transfrontalières, car leur gestion est souvent partagée entre plusieurs États aux intérêts divergents. L’accès à l’eau d’irrigation se transforme en enjeu de sécurité, exacerbant les risques de conflits régionaux.
Les engrais, notamment ceux à base d’azote, de potassium et de phosphates, subissent eux aussi des pressions inédites. Les sanctions contre la Biélorussie et la Russie, grands exportateurs de potasse et d’urée, ont désorganisé le marché mondial. Par ailleurs, l’augmentation du prix du gaz naturel – matière première clé pour la fabrication des engrais azotés – renchérit les coûts de production. Les pays importateurs, notamment en Afrique subsaharienne, voient leur capacité de production agricole compromise.
Ces tensions révèlent une interdépendance mondiale qui devient une vulnérabilité stratégique. Les politiques protectionnistes, les restrictions à l’exportation et la spéculation aggravent la situation, rendant l’accès aux denrées et intrants encore plus incertain. La sécurité alimentaire, autrefois considérée comme un enjeu purement économique, s’impose désormais comme une question de sécurité nationale et internationale.
Face à ces défis, des solutions émergent mais restent fragmentaires. Le développement de cultures résilientes à la sécheresse, la diversification des sources d’approvisionnement et la relocalisation partielle des productions sont des pistes envisagées. De même, les initiatives visant à optimiser l’utilisation de l’eau et à promouvoir l’agriculture régénératrice connaissent un essor, mais leur impact reste limité à court terme face à l’ampleur des perturbations.
Enfin, la coopération internationale demeure indispensable. Les institutions multilatérales, telles que la FAO ou le Programme alimentaire mondial, plaident pour une meilleure coordination entre pays producteurs et importateurs, ainsi qu’une régulation plus stricte des marchés de matières premières agricoles. Sans une approche collective et durable, les tensions actuelles risquent de se transformer en crises alimentaires récurrentes, avec des conséquences sociales et géopolitiques majeures.
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