Le déclin relatif des grandes organisations internationales,
telles que l’ONU, l’OMC ou la Cour pénale internationale (TPI), s’illustre
aujourd’hui à travers l’actualité brûlante.
L’ONU en particulier se trouve au centre de ces critiques. Depuis le début de la guerre en Ukraine, son incapacité à empêcher ou même à modérer le conflit illustre la paralysie du Conseil de sécurité, prisonnier du droit de veto russe et américain. De même, dans le cas de Gaza, les appels répétés à un cessez-le-feu restent lettre morte, bloqués par les alliances et contre-alliances diplomatiques. L’organisation, conçue pour incarner l’idéal de paix collective, semble impuissante face aux logiques de puissance et à la brutalité des faits militaires.
Sur le plan économique, l’Organisation mondiale du commerce traverse une crise de pertinence amplifiée par les tensions protectionnistes initiées sous la présidence de Donald Trump. L’imposition de droits de douane arbitraires sur l’acier, l’aluminium ou encore les produits chinois a marqué le retour en force de politiques unilatérales qui contournent le cadre multilatéral de l’OMC. Aujourd’hui encore, la guerre commerciale sino-américaine et la multiplication d’accords bilatéraux fragilisent une institution qui peine à s’adapter à un monde dominé par les logiques de blocs.
La Cour pénale internationale, pour sa part, illustre un autre versant de cette crise : celui de la justice internationale. Ses enquêtes sur les crimes de guerre commis en Ukraine ou à Gaza sont scrutées avec suspicion, beaucoup dénonçant une justice sélective qui épargne les grandes puissances et s’acharne sur les plus faibles. Le refus de plusieurs pays, dont les États-Unis, d’accepter la compétence du TPI ne fait que renforcer ce sentiment d’asymétrie et affaiblit l’idéal d’une justice universelle.
Face à cette impuissance des grandes institutions, les États se tournent vers des coalitions ad hoc ou régionales. L’OTAN a retrouvé une vigueur inattendue dans le contexte de la guerre en Ukraine, tandis que l’Union africaine tente de jouer un rôle de médiateur sur plusieurs crises du continent. En Asie, l’ASEAN continue de se consolider comme espace de régulation régionale, malgré ses propres divisions. Même les BRICS, initialement forum économique, deviennent un acteur géopolitique qui conteste l’ordre dominé par l’Occident.
Ces recompositions traduisent moins une disparition du multilatéralisme qu’une transformation de sa forme. Le modèle onusien universel, lent et paralysé, cède du terrain à des dispositifs plus flexibles, où les États choisissent leur cadre d’action en fonction de leurs intérêts immédiats. Les forums régionaux, les clubs de puissances émergentes et les coalitions circonstancielles apparaissent comme mieux armés pour répondre à des urgences que les grandes institutions semblent incapables de gérer.
La guerre en Ukraine, la tragédie de Gaza ou encore les tensions commerciales suscitées par Trump mettent en lumière une fracture du système international : entre des institutions universelles en perte de crédibilité et des coalitions pragmatiques en pleine ascension. Le défi majeur pour l’avenir sera de reconstruire un équilibre entre efficacité opérationnelle et légitimité universelle, sans quoi la gouvernance mondiale risque de se fragmenter durablement en sphères d’influence concurrentes.
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