Depuis le sommet de mi-août en Alaska entre Donald Trump et
Vladimir Poutine, les interrogations sur la véritable position du président
américain à l’égard de la guerre en Ukraine se multiplient.
Trump entretient d’ailleurs une posture ambivalente. Ses gestes et ses mots à l’égard de Poutine – poignée de main soignée, propos chaleureux – laissent croire à une proximité persistante. Pourtant, ses déclarations ultérieures et celles de son entourage, notamment son vice-président JD Vance, introduisent des éléments de fermeté : respect de la souveraineté ukrainienne, fin de l’idée d’un régime fantoche à Kyiv, et rappel que la question territoriale appartient d’abord aux Ukrainiens. En somme, un mélange de flatterie diplomatique et de menaces de rétorsion, qui nourrit la perception d’une ligne mouvante.
Du côté russe, la tonalité reste rigide. Sergeï Lavrov a écarté l’hypothèse d’une rencontre Poutine–Zelensky à court terme et a rappelé les préconditions russes : renoncement de l’Ukraine à l’OTAN, reconnaissance des annexions, et révisions législatives sur les langues. Ces exigences, qui visent à graver dans le marbre les acquis militaires, sont difficilement conciliables avec ce que Washington appelle le « respect de la souveraineté ». En Europe, si l’ouverture d’un canal direct entre Washington et Moscou est saluée, la prudence domine. Les capitales européennes poursuivent leurs garanties sécuritaires à long terme pour Kyiv – livraisons d’armes, financement, défense aérienne – convaincues que seule une pression soutenue pourra amener le Kremlin à négocier sérieusement.
Cette configuration explique la dualité des lectures : Trump reste perçu comme « pro-Poutine » par ses gestes, mais sa Maison-Blanche prépare simultanément des mesures coercitives, preuve que la patience américaine a des limites. Dans ce contexte, trois scénarios sont envisagés. Le premier serait celui d’un armistice conditionnel : cessez-le-feu, surveillance internationale des lignes, garanties à l’Ukraine et levée progressive des sanctions en fonction du respect des engagements russes. Le second, plus probable à court terme, ressemblerait à un gel du conflit : la guerre s’installerait à basse intensité, sans accord formel, pendant que l’Ukraine se renforcerait militairement. Le troisième, plus sombre, serait celui d’une reprise de l’escalade avec des frappes russes accrues et des réponses occidentales renforcées.
Aujourd’hui, la réalité est celle d’un équilibre instable : Trump veut un résultat qu’il puisse présenter comme une victoire diplomatique, mais Moscou ne propose pas les concessions qui rendraient cela possible sans perte politique majeure pour Washington et ses alliés. L’Europe, de son côté, juge que la dissuasion et l’aide prolongée à Kyiv demeurent la seule voie crédible pour contraindre Poutine à négocier autrement que sur ses termes. Ainsi, l’ambivalence de Trump n’est pas uniquement idéologique : elle traduit une contrainte politique et stratégique. Il doit ménager la Russie pour garder la porte ouverte, tout en rappelant qu’aucun accord ne sera signé tant que Moscou continuera d’exiger la reconnaissance de ses gains territoriaux comme préalable à la paix.
SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼
www.kaleidoscope.ma
pour avoir accès à nos nombreuses rubriques,
à tous nos articles et à toutes nos pages.
