La tokenisation de l’économie réelle consiste à transformer des biens concrets ou des droits en jetons numériques enregistrés sur une blockchain.
Dans l’immobilier, la tokenisation permet de « découper » un bien de grande valeur en petites parts accessibles à tous. Par exemple, un appartement de 200 000 € peut être transformé en 20 000 jetons de 10 € chacun. Des investisseurs de différents pays peuvent ainsi acheter une fraction du bien, percevoir une part des loyers et revendre leur part à tout moment, sans passer par les circuits traditionnels. Cette approche réduit les barrières d’entrée, fluidifie les transactions et pourrait à terme rendre l’immobilier aussi liquide que la Bourse.
La musique profite également de cette révolution. Un artiste peut émettre des tokens donnant droit à une partie des revenus de son album ou à des privilèges exclusifs (accès à des concerts privés, contenus inédits). Les fans deviennent alors de véritables partenaires économiques, recevant par exemple 1 % des royalties pour chaque token acheté. Les paiements sont automatisés grâce aux « smart contracts » — des programmes inscrits dans la blockchain qui exécutent les transactions sans intervention humaine. Cela réduit la dépendance aux grandes plateformes de streaming et redistribue mieux la valeur aux créateurs.
Le secteur de l’énergie est un autre terrain d’expérimentation. Grâce à la tokenisation, un producteur d’énergie renouvelable peut émettre des jetons correspondant à chaque kilowattheure produit. Ces tokens peuvent être vendus à des consommateurs soucieux d’acheter de l’énergie verte, ou à des entreprises cherchant à compenser leur empreinte carbone. Cette approche crée des micro-marchés décentralisés et favorise la traçabilité de l’origine de l’énergie, ce qui est crucial pour les politiques de transition énergétique.
Sur le plan technique, la blockchain apporte une infrastructure de confiance décentralisée. Chaque transaction est vérifiée par un réseau de participants (mineurs ou validateurs) et inscrite dans un registre immuable. Cela élimine la nécessité de passer par un notaire, une banque ou une chambre de compensation, tout en réduisant les risques de fraude. Les « smart contracts » automatisent la gestion des droits et des paiements, ce qui accélère les échanges et diminue les coûts.
Mais cette innovation n’est pas sans obstacles. Les régulateurs doivent encore définir le cadre juridique de ces tokens : sont-ils considérés comme des titres financiers ? Comment les taxer ? Quelles garanties offrir aux investisseurs particuliers ? La sécurité reste également un enjeu majeur : des piratages de plateformes ont déjà entraîné des pertes massives. Enfin, l’interopérabilité entre les différentes blockchains doit progresser pour que les tokens puissent circuler librement d’un réseau à l’autre.
La tokenisation promet de rendre l’économie plus ouverte et participative. Elle démocratise l’investissement immobilier, donne plus de pouvoir aux créateurs dans la musique et favorise l’émergence d’un marché énergétique plus transparent et local. Si les autorités parviennent à encadrer cette évolution sans l’étouffer, la blockchain pourrait devenir une véritable « infrastructure de confiance » pour l’économie du XXIᵉ siècle, à l’image d’Internet pour l’information.
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