L’horloge qui n’indiquait jamais l’heure exacte
Dans un petit village niché entre des montagnes verdoyantes, se trouvait une horloge singulière. Installée fièrement au sommet de l'entrée de la Commune, elle dominait la place principale. Mais cette horloge n'était pas comme les autres : elle n'indiquait jamais l'heure exacte.
Chaque matin, les villageois levaient les yeux vers l'horloge pour vérifier l'heure, mais à leur grande frustration, les aiguilles semblaient vivre leur propre vie. Tantôt elles avançaient plus vite que prévu, tantôt elles s’arrêtaient un moment avant de reprendre leur course. Parfois, elles tournaient même à l'envers. Cela provoquait un chaos léger mais constant dans les habitudes du village.
Les anciens du village racontaient une légende sur cette horloge étrange. On disait qu’elle avait été construite par un horloger itinérant, un vieil homme aux yeux brillants et à la barbe blanche, qui avait mystérieusement disparu après son œuvre. Selon les récits, l’horloger aurait enchanté l’horloge pour qu’elle ne puisse jamais indiquer l’heure exacte. Pourquoi ? Cela restait un mystère. Certains pensaient qu’il voulait apprendre aux gens à vivre sans se soucier du temps. D'autres affirmaient que l'horloge renfermait une magie destinée à protéger le village.
Un jour, une jeune fille nommée Lina, curieuse de nature et passionnée par les énigmes, décida de résoudre le mystère. Elle passait des heures à observer l’horloge, à noter les mouvements erratiques des aiguilles et à poser des questions aux anciens. Elle découvrit un détail intriguant : les aiguilles s’alignaient parfaitement à minuit, mais seulement lors des nuits de pleine lune.
Convaincue que ce phénomène était la clé, Lina attendit la prochaine pleine lune. À minuit pile, elle grimpa jusqu’au clocher, où elle découvrit une inscription gravée derrière le cadran :
« Le temps n’est pas un maître, mais un compagnon. Celui qui cherche à le dompter perdra l’essentiel. »
Léonie comprit alors que l’horloge était un rappel pour les habitants de ne pas se laisser asservir par la course effrénée du temps.
Le lendemain, Lina partagea sa découverte avec le village. Bien que certains restèrent sceptiques, beaucoup commencèrent à voir l'horloge sous un nouveau jour. Au lieu de s'agacer de son imprécision, ils commencèrent à se fier davantage à leur instinct, à profiter des moments simples, et à vivre pleinement.
L'horloge devint alors un symbole de liberté et de réflexion. Et bien qu’elle n’indiquât jamais l’heure exacte, elle rappelait aux villageois que parfois, le plus important n’est pas de savoir quelle heure il est, mais de savoir comment on vit cet instant.
