Le facteur et le perroquet
Dans une petite ville ensoleillée, au bord de la mer, travaillait Jules, un facteur jovial et apprécié de tous. Sa tournée quotidienne lui permettait de rencontrer les habitants, mais une maison en particulier rendait ses livraisons mémorables. Cette maison appartenait à Madame Léontine, une vieille dame excentrique qui vivait avec son perroquet, Coco.
Un jour, alors que Jules glissait une lettre dans la boîte aux lettres, Coco surgit de nulle part, attrapa l’enveloppe avec son bec et s’envola. "Hé, rends-moi ça, voleur à plumes !" s’exclama Jules, amusé mais un peu déconcerté. Coco disparut dans les arbres du jardin, laissant Jules repartir les mains vides et Madame Léontine hilare.
Ce qui semblait être un incident isolé devint rapidement une habitude. Chaque fois que Jules approchait la maison, Coco l’attendait, caché sur une branche ou sur le toit. Dès que Jules tendait une lettre, le perroquet surgissait pour s’en emparer. Jules essaya plusieurs astuces pour contourner le problème : il s’approchait à pas de loup, changeait d’itinéraire, ou essayait de distraire Coco avec un biscuit. Rien n’y faisait.
À chaque "vol," Coco émettait un rire moqueur, presque humain, avant de cacher le courrier dans un endroit improbable : sous un pot de fleurs, dans un arbre creux ou même dans le panier à vélo de Jules. Madame Léontine, amusée, aidait souvent Jules à récupérer les lettres, mais elle ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller devant l’intelligence espiègle de son compagnon à plumes.
Un matin, Jules décida qu’il était temps de renverser la situation. Il arriva devant la maison avec une enveloppe vide qu’il tendit intentionnellement à Coco. Comme prévu, le perroquet s’envola avec son "butin" vers son arbre favori. Pendant ce temps, Jules glissa discrètement les véritables lettres dans la boîte aux lettres. Quand Coco réalisa la supercherie, il poussa un cri de protestation, provoquant les rires de Jules et de Léontine.
Ce petit stratagème n’arrêta pas Coco, mais il donna lieu à une complicité inattendue entre Jules et le perroquet. Bientôt, Jules apporta à chaque tournée un biscuit spécialement pour Coco. En échange, le perroquet se montrait parfois plus coopératif... mais pas toujours.
L’histoire du facteur et de son "adversaire ailé" fit rapidement le tour du village. Les habitants attendaient avec impatience le passage de Jules devant la maison de Léontine, espérant voir Coco en action. Un journaliste local finit par écrire un article sur ce duo improbable, et les réseaux sociaux s’emparèrent de l’histoire.
Coco et Jules devinrent de véritables célébrités locales. Lors de la fête annuelle du village, un concours humoristique de cache-cache fut même organisé, où Jules dut affronter Coco devant un public hilare. Bien sûr, le perroquet remporta la victoire.
Avec le temps, Jules et Coco développèrent une relation presque amicale. Ce qui avait commencé comme un jeu espiègle devint une routine quotidienne pleine de rires et de complicité. Pour Jules, Coco n’était plus seulement un défi sur sa tournée, mais un compagnon qui rendait son travail plus joyeux.
Et pour Coco ? Eh bien, il restait toujours prêt à s’emparer de la moindre lettre, car pour lui, chaque jour était une nouvelle partie de cache-cache avec son ami en uniforme bleu.
