La diaspora marocaine a une histoire riche et complexe, façonnée par des vagues migratoires successives. Au fil des décennies, cette communauté a traversé diverses étapes, de l'émigration économique à l'établissement durable dans les pays d'accueil. Les premières vagues d'émigration marocaine remontent aux années 1960, principalement en direction de l'Europe, en quête d'opportunités économiques. La France, l'Espagne, la Belgique et les Pays-Bas ont été parmi les premiers pays d'accueil. Cette émigration initiale était principalement masculine et temporaire, centrée sur le travail dans l'industrie et l'agriculture.Lire plus
Au fil des
décennies, la diaspora marocaine a connu une transformation significative de sa
composition et de ses motivations. Les années 1980 ont vu un changement vers
une migration familiale, avec l'installation de femmes et d'enfants dans les
pays d'accueil. Les Marocains ont également diversifié leurs domaines d'emploi,
embrassant des secteurs tels que le commerce, les services et les professions
libérales.
Cette
communauté est établie dans 100 pays des cinq continents, dont la
majorité en Europe et
80 % de ses membres se répartissent entre la France,
l'Espagne,
l'Italie,
la Belgique,
les Pays-Bas et
l'Allemagne.
Selon les données les plus récentes, la diaspora marocaine compte actuellement quelques
6 millions de personnes, réparties principalement en Europe, mais également en
Amérique du Nord, au Moyen-Orient et en Afrique. La France demeure le pays
d'accueil le plus important, suivi de près par l'Espagne. Dans un avis du
Conseil Économique, Social et Environnemental ( CESE) présenté en décembre
2022,l’accent a été mis sur la question du “Renforcement du lien générationnel
avec les Marocains du Monde : Opportunités et Défis ». Le CESE a appelé à renforcer le lien
générationnel avec les Marocains du monde et de répondre à leurs attentes et
aspirations.
Cet avis qui
dresse le profil de la diaspora marocaine révèle que 5,1 millions de Marocaines
et de Marocains étaient, en avril 2021, officiellement enregistrés auprès des
consulats du Royaume à l’étranger. À ce chiffre, qui représente environ 15% de
la population marocaine, peut s’ajouter l’effectif des personnes vivant à l’étranger et
non immatriculées dans les consulats, les Marocaines et Marocains nés
au Maroc et expatriés, ainsi que les nationaux ou binationaux
nés et résidant à l’étranger dont au moins un parent est marocain. «Dès lors,
la communauté des Marocains à l’étranger peut être prudemment estimée de 6 à
6,5 millions de personnes», ajoute le rapport du CESE qui estime, par
ailleurs, que «si l’Europe a jusqu’ici accueilli la majorité de l’émigration
marocaine (89%), on rencontre désormais des Marocains installés dans plus de
100 pays». En effet, même si la France reste, avec plus d’un million de
personnes (2020), le premier pays de résidence des Marocains du monde,
c’est vers l’Espagne que les taux de croissance des flux marocains d’émigration
ont été les plus importants entre 1990 et 2020 (près de 500%), puis vers
l’Amérique du Nord (près de 400% de croissance du flux vers les États-Unis et plus
de 350% vers le Canada, l’Italie, les pays du Golfe et les pays nordiques
(Suède et Norvège).
L'intégration
socio-économique de la diaspora marocaine varie d'un pays à l'autre. Dans
certains cas, elle a réussi à s'intégrer pleinement, contribuant de manière
significative à l'économie locale. Cependant, des défis persistent, notamment
en matière d'accès à l'éducation, au logement et à l'emploi. Globalement, les Marocains
du monde ont un niveau d’instruction plus élevé que la moyenne de la
population du Maroc selon ce même rapport du CESE. «Plus du tiers (33,5%) ont atteint le niveau d’enseignement supérieur,
dont une proportion de femmes (44,7%) supérieure à celle des hommes
(28,4%). Le tiers (33,7%) a un niveau d’étude secondaire et environ 16% le
niveau primaire», indique le rapport. «Les talents marocains de
haut niveau se dirigent désormais davantage vers le Canada et les États-Unis,
plus que vers les anciennes destinations telles que la France, Belgique,
Pays-Bas et Allemagne. Ainsi, 76% des expatriés marocains vers
l’Amérique du Nord ont un diplôme de l’enseignement supérieur contre 48,9% de
ceux qui s’orientent vers les anciens pays européens d’immigration, 28,4% vers
les pays arabes et 10,9% pour les nouveaux pays européens d’immigration».
Les talents marocains à l’étranger s’expriment
en plus de plus dans des domaines de haute qualification parallèlement à un
déclassement de leurs compétences dans un environnement de plus en plus marqué
par la xénophobie. Désormais se pose avec acuité la problématique de l’avenir
de cette diaspora, dont beaucoup de membres expriment leur désir de rentrer au
pays. La structure du tissu socio-économique du Royaume s’y prête-t-elle ?
La question est posée. Qui peut y répondre ?