Au Maroc, les inégalités, sous toutes leurs formes - qu'elles soient de revenus, sectorielles, territoriales, régionales, urbanistiques, etc. - constituent le socle de l'atonie de la croissance. Cela, malgré les politiques volontaristes de l'État et les dynamiques initiées par les programmes sectoriels et les multiples engagements publics de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Lire plus
Au Maroc,
les inégalités constituent un fait total, imprégnant l'économie, le tissu
social et l'aspect humain du pays. Trop souvent, on tend à appréhender ce
phénomène uniquement d'un point de vue monétaire, se limitant à la distribution
des revenus. Une approche indéniablement réductrice, car la catégorie de
"revenu moyen" ne peut en aucun cas encapsuler la diversité des
situations, des positions, voire des dispositions que le concept d'inégalité
recouvre au sein du pays.
Les
Investissements Directs Étrangers (IDE) au Maroc ont contribué à accentuer les
disparités entre les régions, concentrant leur flux dans les territoires
économiquement les plus dynamiques de l'axe atlantique, tels que
Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr. Les régions intérieures, en revanche, restent en marge
de ces investissements. Pourtant, l'attractivité de ces espaces pourrait
s'expliquer par divers facteurs, notamment la qualité de leur aménagement
territorial. Le défaut d'un aménagement efficace freine les flux d'IDE, qui
recherchent des marchés à faible coût de transaction. Ainsi, les régions
mentionnées se distinguent par leur infrastructure bien développée, leur offre
foncière, la disponibilité d'emploi, et les zones offshores.
Face aux
enjeux de la mondialisation, du progrès technologique et de la quête
d'efficacité des entités de production, la délocalisation transfrontalière est
devenue un impératif de compétitivité pour les firmes multinationales.
Cependant, cela soulève la question cruciale de la nécessité d'un aménagement
sain des territoires d'accueil.
La
Commission Spéciale sur le Nouveau Modèle de Développement, de caractère
consultatif, a souligné que la faible convergence, tant verticale
qu'horizontale, et la gouvernance des politiques publiques, notamment
sectorielles, entravent le développement du royaume. Cela justifie la révision
nécessaire de ces politiques publiques sectorielles, en mettant
particulièrement l'accent sur une vision régionale. La région doit être le
point d'ancrage de ces politiques, exigeant une gouvernance régionale efficace
pour assurer la convergence et accélérer le rythme de développement.
La politique
d'aménagement du territoire au Maroc, en tant qu'action volontariste de l'État,
vise à une répartition plus équitable des activités et des populations sur le
territoire. Dans le contexte d'une émergence rapide, le Maroc n'échappe pas aux
évolutions observées à l'échelle mondiale en matière d'accroissement des
inégalités sociales. Les initiatives et programmes du pays ont conduit à une
réduction significative de la pauvreté et à une forte atténuation de la
précarité, particulièrement en milieu urbain. Actuellement, près de 139
programmes couvrent divers domaines tels que l'éducation, la santé, la lutte
contre la pauvreté et l'emploi…
Cependant,
ces avancées demeurent conjoncturelles et incomplètes tant qu’une résorption globale,
ou du moins, d’abord significative, des inégalités sur l’ensemble du territoire
national n’est pas atteinte.
Source:
Revue Repères et Perspectives Économiques, Vol. 4, N°1, Semestre 1, 2020 68
Grand Casablanca, Tanger-Tetouan, Souss Massa Drâa
