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01 novembre 2024

ÉCONOMIE : Surutilisation du cash; frein à l’économie nationale- Par J. Hafati

 

La résilience de l’économie marocaine est soumise à rude épreuve. Face aux nombreux défis qu'elle rencontre, notamment l'informalité, l'évasion fiscale et la surutilisation du cash, elle témoigne d’un effort soutenu pour renforcer la transparence et encourager une croissance durable. Le Maroc se distingue par un taux de circulation du cash bien supérieur à la moyenne mondiale, établie à 10% avec près de 30% du PIB en liquidités. Pourtant, l’augmentation marquée de la monnaie fiduciaire en circulation continue de soulever des préoccupations majeures. En mai 2024, Bank Al-Maghrib (BAM) a enregistré une hausse de 4,3% de la masse monétaire, dont une progression notable de la circulation fiduciaire, atteignant 10,2%, contre 8,5% le mois précédent. Lire plus

Cette montée du cash a des effets paradoxaux sur l'économie nationale. D’une part, elle facilite les transactions pour une grande partie de la population, souvent exclue des services bancaires classiques, et d'autre part, elle perpétue l'informalité et complique la lutte contre l’évasion fiscale et le blanchiment de capitaux. En effet, malgré les mesures incitatives comme la promotion du paiement électronique, les avantages fiscaux, et les initiatives d’éducation financière, l’utilisation du cash reste omniprésente. BAM ainsi que les acteurs des moyens de paiement expriment leurs inquiétudes face à cette résistance aux solutions numériques, dont les facteurs semblent multiples et difficiles à cerner.

Selon BAM, d’autres éléments soutiennent également cette augmentation du cash en circulation, notamment la baisse de l’attrait pour les comptes à terme, dont la diminution s'est atténuée de 6,8% à 4,5%, et la chute des placements en OPCVM monétaires de 12,5% à 18,5%. Ces facteurs montrent un recentrage vers le cash, perçu comme un refuge sécuritaire en période d'incertitude économique. Cependant, cette préférence pour le liquide induit des coûts élevés pour le système bancaire, estimés à plus de 10 milliards de dirhams par an. Ces dépenses, qui incluent la production et la gestion des billets, la sécurisation des transactions et la logistique de distribution, représentent environ 0,8% du PIB du Maroc, selon L'Observateur du Maghreb et d'Afrique.

Le Maroc dispose d’atouts notables pour relever ces défis : une base économique diversifiée, un secteur bancaire solide, et un cadre législatif évolutif. Pour réduire la dépendance au cash, il est essentiel de renforcer les infrastructures numériques, de sensibiliser davantage la population aux avantages du paiement électronique, et d’instaurer des incitations fiscales et réglementaires pour encourager l’utilisation de méthodes de paiement traçables. En optimisant ces leviers, le Maroc peut espérer réduire progressivement l’informalité et asseoir les bases d’une économie plus formelle et transparente, en ligne avec ses ambitions d’émergence.

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