L'Algérie traverse une période de turbulences marquée par une série de crises internes et externes qui compromettent toute perspective de stabilisation à court terme. Lire plus
Sur le plan diplomatique, le conflit ouvert avec la France s'est intensifié après la reconnaissance officielle par Paris de la marocanité du Sahara occidental. Ce geste, perçu comme un camouflet par Alger, a entraîné le rappel de son ambassadeur et a accentué les tensions bilatérales. Les relations déjà fragiles se sont davantage détériorées avec des épisodes comme la séquestration de l'écrivain Boualem Sansal, une figure critique envers le régime, et les pressions exercées sur les communautés algériennes en France.
La crise algéro-française s'inscrit dans un contexte de tensions exacerbé par des actions de provocation des youtubeurs algériens agissant comme agents provocateurs à la solde du régime algérien, suscitant des mesures coercitives de la part de la France. En parallèle, des arrestations en Algérie de citoyens hostiles au système algérien, considérées comme une tentative de museler la dissidence, ont suscité l'indignation des organisations de défense des droits de l’homme, fragilisant encore davantage l’image internationale de l’Algérie.
Cette stratégie répressive, combinée à une rhétorique anti-occidentale, a contribué à isoler davantage le pays sur la scène internationale. Par ailleurs, l’effondrement subit du régime syrien, un allié historique de l’Algérie, a envoyé un signal inquiétant à Alger. La passivité de la Russie face à cette débâcle a soulevé des doutes sur la fiabilité des alliances stratégiques de l'Algérie avec Moscou, accentuant son sentiment de vulnérabilité. Ce revers diplomatique souligne les limites de la politique étrangère algérienne, longtemps ancrée dans des partenariats avec des régimes autocratiques et des alliances de circonstance.
Sur le plan régional, les relations avec les voisins restent extrêmement tendues. Outre les tensions persistantes avec le Maroc, exacerbées par la fermeture des frontières et une guerre médiatique constante, l'Algérie entretient également des relations conflictuelles avec la Libye, notamment en raison de divergences sur la gestion de la transition post-Kadhafi. Seule la Tunisie, gouvernée par un régime de plus en plus autoritaire, conserve des relations relativement stables avec Alger, bien que cette proximité soit perçue par certains comme un signe de vassalisation.
En interne, la situation socio-économique reste préoccupante. La dépendance excessive aux hydrocarbures, combinée à une gouvernance opaque, alimente les frustrations populaires. Le Hirak, bien que momentanément étouffé, a révélé un profond désir de changement parmi les citoyens, un désir qui persiste malgré les tentatives du régime de le réduire au silence. Les jeunes, confrontés au chômage et à un avenir incertain, continuent de chercher des opportunités ailleurs, alimentant une fuite des cerveaux préoccupante.
À cela s’ajoute une militarisation croissante de l’appareil étatique, où l’armée, véritable pilier du régime, joue un rôle prépondérant dans la gestion des affaires internes et externes. Cette domination militaire, loin de stabiliser le pays, risque d’attiser davantage les tensions, en particulier si les divisions internes au sein du pouvoir venaient à se creuser.
En définitive, l’Algérie semble prise dans un maelstrom de crises multiples. Les défis diplomatiques, économiques et sociaux s'entremêlent, laissant peu de marge de manœuvre au régime pour amorcer une véritable sortie de crise. Si des réformes structurelles ne sont pas entreprises rapidement, le risque d’un isolement accru et d’un éclatement interne devient de plus en plus plausible.