Le Web1, souvent qualifié de "Web statique", représente la première ère d'Internet, qui s'est développée dans les années 1990. Il se caractérisait par des pages web principalement informatives et statiques, sans réelle interactivité. Les utilisateurs consommaient le contenu, mais n’avaient que peu ou pas de moyens d’y contribuer. Lire plus
Ce modèle fonctionnait essentiellement sur le protocole HTTP et des technologies simples comme le HTML, qui limitaient les interactions aux actions basiques telles que la lecture et le téléchargement. À cette époque, Internet servait surtout de bibliothèque géante, facilitant l'accès à des informations centralisées sur des sites créés par un petit nombre de producteurs de contenu.
Au début des années 2000, le Web a évolué vers le "Web social" ou Web2, marqué par une interactivité accrue. Les plateformes dynamiques comme Facebook, YouTube, et Twitter ont permis aux utilisateurs de devenir à la fois consommateurs et producteurs de contenu. Blogs, forums, et réseaux sociaux ont transformé la manière dont les individus communiquaient et partageaient des informations.
Cependant, cette ère a vu l’émergence de grandes entreprises technologiques qui ont centralisé l’infrastructure, collecté les données des utilisateurs à grande échelle, et monétisé ces interactions via la publicité ciblée. Si le Web2 a démocratisé l'accès à l'information et favorisé l'innovation, il a aussi suscité des préoccupations croissantes concernant la vie privée et la concentration du pouvoir dans les mains de quelques géants du numérique.
Avec le temps, les limites du Web2 sont devenues évidentes. Les scandales liés à la gestion des données personnelles, comme celui de Cambridge Analytica, ont mis en lumière les dangers d'une centralisation excessive. Les utilisateurs ont commencé à se méfier des plateformes qui contrôlaient non seulement leurs données, mais aussi la manière dont le contenu était diffusé ou censuré. Cette prise de conscience a conduit à un appel à un Internet plus transparent et équitable, où les utilisateurs auraient un contrôle direct sur leurs données et leurs interactions.
C'est dans ce contexte que le Web3 a émergé comme une réponse aux failles du Web2. Appuyé sur des technologies comme la blockchain, le Web3 promet de décentraliser Internet en éliminant les intermédiaires. Les utilisateurs deviennent non seulement propriétaires de leurs données, mais également des participants actifs à l'écosystème numérique grâce à des concepts comme les contrats intelligents, les tokens, et les organisations autonomes décentralisées (DAO). Contrairement au Web2, où la confiance repose sur des plateformes centralisées, le Web3 utilise des mécanismes cryptographiques pour garantir la transparence et la sécurité.
Le Web3 repose sur des innovations progressives qui ont vu le jour dès l’invention de Bitcoin en 2009. La blockchain de Bitcoin a démontré qu'il était possible de créer une monnaie numérique sécurisée et décentralisée. Cette innovation a été suivie par Ethereum, qui a introduit les contrats intelligents, permettant de construire des applications décentralisées (dApps) au-delà des paiements. Aujourd'hui, des blockchains avancées comme Polkadot et Solana repoussent encore les limites en proposant des solutions plus rapides, évolutives et interopérables.
Le Web3 n'est pas qu'une évolution technologique : il redéfinit la manière dont les individus et les organisations interagissent en ligne. Les cryptomonnaies et les NFT (tokens non fongibles) illustrent comment la propriété numérique devient un pilier de cette nouvelle ère. Les créateurs peuvent monétiser directement leurs œuvres sans dépendre d'intermédiaires, et les utilisateurs participent activement à des écosystèmes numériques en possédant des parts de plateformes via des tokens. Cette évolution bouleverse les modèles économiques traditionnels et ouvre des perspectives inédites pour les individus, les entreprises, et même les gouvernements.
Bien que prometteur, le Web3 reste un concept en pleine évolution. Les défis techniques, réglementaires et éthiques ne manquent pas, et l'adoption massive prendra du temps. Cependant, la vision d’un Internet décentralisé, transparent, et participatif continue de mobiliser développeurs, entrepreneurs, et activistes du monde entier. En repensant les bases mêmes de nos interactions numériques, le Web3 incarne la promesse d’un futur où la technologie sert avant tout les individus, et non les grandes institutions.