Depuis son indépendance en 1962, l’Algérie a construit son modèle économique autour d’une rente pétrolière qui, bien que lucrative par le passé, expose aujourd’hui le pays à de graves vulnérabilités. Cette dépendance extrême aux hydrocarbures empêche le développement d’une économie diversifiée et autonome, rendant l’Algérie dépendante des revenus du pétrole et du gaz pour assurer ses importations. À cela s’ajoute une politique étrangère qui semble de plus en plus erratique et une situation intérieure marquée par une instabilité sociale croissante. Lire plus
L’Algérie tire environ 93 % de ses recettes d’exportation du secteur des hydrocarbures, qui représente également plus de 40 % du PIB et 60 % des revenus budgétaires. Cette dépendance à une seule ressource expose le pays aux fluctuations du marché international. La chute des prix du pétrole en 2014, suivie des crises économiques successives, a mis en lumière les faiblesses du modèle économique algérien.
Malgré des tentatives de diversification annoncées par le gouvernement, les résultats restent quasi inexistants : l’industrie manufacturière représente moins de 5 % du PIB, et l’agriculture, bien que potentiellement prometteuse, reste sous-exploitée. L’absence d’un secteur privé compétitif empêche également le développement d’une production locale capable de réduire la dépendance aux importations.
Le pays importe massivement des produits alimentaires, des médicaments et des biens de consommation, dont beaucoup pourraient être produits localement. En 2022, l’Algérie a importé pour près de 40 milliards de dollars de marchandises, un chiffre en hausse constante du fait de la faible production nationale. Les restrictions administratives sur certaines importations, visant à limiter le déficit commercial, ont plutôt exacerbé les pénuries et le marché noir, notamment dans les secteurs de l’électronique et de l’automobile. La bureaucratie et la corruption viennent alourdir un système déjà inefficace, freinant toute tentative de réforme structurelle.
Longtemps perçue comme un acteur influent en Afrique du Nord et dans le monde arabe, la diplomatie algérienne semble aujourd’hui en difficulté. Son isolement croissant sur la scène internationale est illustré par ses tensions persistantes avec le Maroc, ses tensions récurrentes avec la France et l’Espagne à cause du Sahara occidental, sa marginalisation dans le dossier libyen et son incapacité à influencer les décisions stratégiques régionales.
La chute du régime de Bachar El Assad, le quasi-anéantissement du Hezbollah et l'affaiblissement de l'Iran ont privé l'Algérie de ses alliés traditionnels, la laissant de plus en plus vulnérable sur la scène géopolitique. Cette perte d'influence se ressent particulièrement dans les conflits régionaux où l'Algérie peine à imposer sa vision.
L’Algérie a récemment tenté de se repositionner en médiateur sur certaines crises africaines, mais son manque de crédibilité et ses positions souvent ambiguës ont réduit son poids diplomatique. À cela s’ajoute une politique étrangère parfois contradictoire, oscillant entre une alliance avec la Russie et des tentatives de rapprochement avec l’Europe, notamment pour assurer des exportations gazières vers l’Italie et l’Espagne en remplacement du gaz russe.
L'affaire de Boualem Sansal a porté un grand coup à la diplomatie algérienne vis-à-vis de la France. La censure et le rejet de cet écrivain reconnu internationalement ont provoqué un tollé dans les cercles culturels et diplomatiques français, mettant en évidence les contradictions du régime algérien quant à la liberté d'expression et aux relations avec l'ancienne puissance coloniale.
Avec l'arrivée de Donald Trump au pouvoir aux États-Unis, l'Algérie a été contrainte d'adoucir sa position vis-à-vis d'Israël. Pour la première fois, par la voix de son président, le pays s'est dit prêt à reconnaître l'État hébreu, marquant un tournant dans sa politique étrangère qui jusque-là était foncièrement opposée à toute normalisation avec Tel-Aviv.
Sur le plan intérieur, la grogne sociale ne cesse de monter. Le mouvement du Hirak, né en 2019, a révélé un profond rejet du régime en place et une aspiration à un véritable changement démocratique. Bien que le gouvernement ait tenté de calmer les contestations par des mesures répressives et des promesses de réformes, le malaise persiste. Le chômage, qui touche environ 12 % de la population et près de 30 % des jeunes, constitue une bombe à retardement.
L’inflation galopante, la baisse du pouvoir d’achat et l’incapacité des autorités à répondre aux besoins de base des citoyens aggravent la crise. L’Algérie, autrefois considérée comme un État providence grâce à sa manne pétrolière, peine aujourd’hui à garantir des services publics de qualité, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. La fuite des cerveaux s’intensifie, avec des milliers de jeunes diplômés quittant le pays chaque année faute de perspectives économiques et sociales viables.