Par : A. Laalioui
L'homo sapiens du premier quart du XXIe siècle semble irrémédiablement s'éloigner du sens de la rationalité. Lire plus
Loin d’adopter une posture prévoyante face aux défis climatiques et sécuritaires, il poursuit une course effrénée au profit, reléguant au second plan toute considération de sauvegarde de la planète. Alors que l'urgence écologique s'impose comme une évidence, les décisions politiques et économiques s'inscrivent dans une logique de court terme, sacrifiant l’avenir au bénéfice d'intérêts immédiats. Cette fuite en avant ne fait que creuser davantage les inégalités et aggraver les tensions mondiales.
La course aux armements illustre parfaitement cette dérive. Loin d’être un reliquat du passé, elle est aujourd’hui le moteur principal de l’économie mondiale. Les grandes puissances ne cessent d’investir dans des technologies de destruction de plus en plus sophistiquées, entraînant une instabilité géopolitique permanente. Dans ce contexte, le droit international, pourtant censé garantir la paix et la coopération entre les nations, est de plus en plus bafoué. Les organisations internationales, naguère porteuses d’un idéal de régulation et de dialogue, peinent à faire entendre leur voix, minées par des rivalités et des intérêts contradictoires.
Parallèlement, l'aide aux plus démunis, jadis considérée comme un devoir moral et un pilier de la stabilité mondiale, est aujourd’hui remise en cause. Les politiques d’austérité, le repli nationaliste et l’égoïsme des puissants affaiblissent les mécanismes de solidarité. Le monde semble s'engager dans une ère d'expérimentations incontrôlées, où les États testent les limites de l’acceptable : provocations diplomatiques, ingérences, et même terrorisme deviennent des outils stratégiques. Cette logique du "on tente, on verra" révèle un cynisme inquiétant, où les conséquences de ces essais sont souvent sous-estimées.
L’intelligence artificielle (IA) s’est un temps imposée dans le débat public, suscitant espoirs et craintes. Mais une fois son potentiel économique évalué et quantifié, elle a disparu du devant de la scène médiatique, poursuivant en coulisses son développement, à l’affût. Pourtant, son rôle dans l’avenir de l’humanité ne fait que croître. Que ce soit dans le domaine militaire, économique ou sociétal, l’IA façonne déjà notre monde, souvent à l’insu de ceux qui en subissent les conséquences.
Dès lors, une question cruciale se pose : l’IA prendra-t-elle le relais de l’homo sapiens lorsque ce dernier aura atteint l’apogée de son irrationalité ? Si l’être humain continue à foncer droit dans le mur, incapable de réguler ses propres excès, une intelligence non biologique pourrait-elle un jour gouverner avec plus de discernement ? Certains y voient une chance, d’autres une menace. Mais dans tous les cas, la fuite en avant actuelle semble nous mener inexorablement vers un tournant où l’humanité pourrait perdre le contrôle de son propre destin.