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06 février 2025

ÉCONOMIE : Maroc ; l’impératif de la résorption des inégalités sociales- Par J. Hafati

 Publié le  6  février 2025



Le Maroc se trouve à un tournant décisif de son histoire, face à une problématique majeure: devenir un pays émergent et un hub africain de premier plan, tout en assumant son rôle d’organisateur de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 et de co-organisateur de la Coupe du Monde (CDM) 2030. Ces événements sportifs d’envergure internationale ne sont pas seulement des opportunités de rayonnement, mais aussi des catalyseurs pour accélérer les réformes économiques et sociales indispensables à l’émergence du pays. Lire plus


 Dans ce contexte, les politiques économiques jouent un rôle crucial pour réduire les inégalités, lutter contre la pauvreté et renforcer la cohésion sociale, des conditions sine qua non pour asseoir la crédibilité du Maroc sur la scène mondiale.

Selon le rapport 2024 de l’Indice de l’engagement pour la réduction des inégalités (CRI), publié par Oxfam et Development Finance International, le Maroc a réalisé des progrès significatifs, se classant parmi les 10 pays les plus performants et atteignant la 73e place mondiale. Ces avancées sont en grande partie attribuées aux mesures prises après le séisme d’Al Haouz en septembre 2023, notamment une augmentation notable des investissements publics dans la santé et la protection sociale. Ces efforts ont permis d’améliorer les services dans les zones rurales, souvent marginalisées, et de renforcer la couverture sociale. Cependant, pour devenir un véritable hub africain et réussir l’organisation de la CAN 2025 et de la CDM 2030, le Maroc doit impérativement accélérer la réduction des inégalités et consolider ses acquis.

Malgré ces progrès, des défis majeurs persistent. Le taux de pauvreté a touché 3,2 millions de Marocains au cours des deux dernières années, et le taux de chômage a atteint 13,5 % en 2023. Ces chiffres illustrent la persistance des inégalités sociales et économiques, exacerbées par une inflation élevée qui a érodé le pouvoir d’achat des catégories les plus vulnérables. Pour réussir son ambition de devenir un pays émergent et un leader africain, le Maroc doit impérativement relever ces défis, en particulier dans un contexte où les projecteurs internationaux seront braqués sur lui lors des événements sportifs à venir.

En matière d’éducation, des avancées notables ont été réalisées, avec une durée moyenne de scolarisation passée de 4,4 ans en 2014 à 6,3 ans en 2024. Cependant, des disparités régionales persistent, avec une durée moyenne de 7,9 ans dans des régions développées comme Laâyoune-Sakia El Hamra, contre seulement 4,9 ans dans des zones moins favorisées comme Béni Mellal-Khénifra. Ces écarts soulignent l’urgence d’investissements ciblés pour garantir une éducation équitable, un pilier essentiel pour former une main-d’œuvre qualifiée et attirer les investissements nécessaires à l’émergence économique.

Les inégalités de genre demeurent également un frein majeur au développement. Un rapport d’Oxfam publié en 2023 révèle que 50 % de la population possède moins de 5 % de la richesse totale, et que les enfants, en particulier les filles, sont les premières victimes de la pauvreté et de la vulnérabilité. En 2021, 148 000 enfants âgés de 7 à 17 ans étaient économiquement actifs, dont 59,4 % accomplissaient des travaux dangereux. Pour atteindre son objectif de devenir un hub africain et un modèle de développement, le Maroc doit impérativement mettre en place des politiques spécifiques pour protéger les enfants, promouvoir l’égalité des sexes et renforcer l’inclusion sociale.

La fiscalité, quant à elle, joue un rôle essentiel dans la réduction des inégalités. Le Maroc est classé à la 21e place pour son système fiscal, avec un taux d’imposition sur les sociétés de 31 %, l’un des plus élevés au monde. Cependant, des marges de progression existent, notamment en ce qui concerne l’harmonisation du système de taxation pour assurer une plus grande équité et l’amélioration de l’efficacité de la collecte des impôts. Une réforme fiscale audacieuse est indispensable pour financer les infrastructures nécessaires à l’accueil de la CAN 2025 et de la CDM 2030, tout en garantissant une redistribution plus juste des richesses.

En conclusion, bien que le Maroc ait réalisé des progrès significatifs dans la réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté, des efforts soutenus et des réformes structurelles sont impératifs pour consolider ces acquis et répondre aux attentes liées à son statut de futur hub africain et d’hôte de grands événements internationaux. Une attention particulière doit être accordée aux populations vulnérables, aux disparités régionales et aux inégalités de genre pour assurer un développement inclusif et équitable. Le succès de la CAN 2025 et de la CDM 2030 dépendra en grande partie de la capacité du Maroc à relever ces défis et à incarner un modèle de croissance et de cohésion sociale pour l’Afrique.





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