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01 mars 2025

ÉCONOMIE : Alerte aux performances du secteur agricole marocain dans un contexte de sécheresse.

Par : J. Hafati

 Publié le 1er mars 2025


Le secteur agricole marocain fait face à une sécheresse persistante qui s’est intensifiée ces dernières années, affectant profondément la production agricole et l’élevage. La récente décision du roi Mohammed VI, annoncée le 26 février 2025, d’annuler exceptionnellement la fête du sacrifice en raison de la réduction du cheptel illustre la gravité de la situation et envoie un signal fort sur l’état du secteur. Lire plus

Le Maroc connaît une baisse significative des précipitations et une augmentation des températures moyennes, réduisant la disponibilité en eau et perturbant les cycles agricoles. Cette situation impacte directement les cultures céréalières, le maraîchage et l’élevage, secteurs vitaux pour la sécurité alimentaire. La pression sur les ressources hydriques s’accentue avec l’exploitation intensive des nappes phréatiques, particulièrement dans les régions du Haouz, du Souss-Massa et du Saïss, où l’irrigation devient de plus en plus difficile. La production céréalière, essentielle pour le pays, enregistre une baisse considérable, et les cultures gourmandes en eau, comme les agrumes et les primeurs destinés à l’exportation, subissent des contraintes croissantes. L’élevage, quant à lui, souffre de la raréfaction des pâturages et de l’augmentation du coût des aliments pour bétail, entraînant une réduction inquiétante du cheptel.

L’annulation de l’Aïd al-Adha en 2025 constitue un tournant symbolique et économique. Cette mesure vise à limiter la pression sur le cheptel et à favoriser sa reconstitution, tout en soulignant les tensions croissantes sur la sécurité alimentaire du pays. La raréfaction des ressources agricoles engendre des hausses de prix et une instabilité du marché de la viande rouge. Cette situation met en lumière les limites des politiques agricoles mises en place ces dernières années. Malgré les efforts du Plan Maroc Vert et de sa continuité avec Génération Green, le secteur agricole peine à s’adapter aux mutations climatiques et à garantir une résilience suffisante face aux aléas météorologiques.

Certaines avancées ont néanmoins été réalisées, notamment en matière de modernisation et d’irrigation. L’adoption du goutte-à-goutte permet d’économiser l’eau, et des cultures plus résistantes à la sécheresse, comme l’olivier et le cactus, sont encouragées. La digitalisation et la mécanisation de l’agriculture offrent des solutions pour améliorer les rendements. Cependant, plusieurs défis demeurent. La dépendance aux précipitations reste une contrainte majeure, et les infrastructures hydriques existantes ne suffisent plus à assurer une gestion efficace des ressources en eau. Les coûts de production continuent d’augmenter, rendant l’accès aux engrais, semences et aliments pour bétail plus difficile. Par ailleurs, la priorité donnée aux exportations de certains produits agricoles au détriment des besoins locaux aggrave la situation.

Face à ces défis, une transformation du modèle agricole marocain apparaît indispensable. L’orientation des politiques agricoles doit évoluer vers une agriculture plus durable et résiliente. Une gestion plus rationnelle des ressources en eau est nécessaire, impliquant la construction de nouvelles infrastructures hydriques et l’adoption de technologies économes en eau. Le soutien aux agriculteurs et éleveurs doit être renforcé à travers des subventions ciblées et des mesures facilitant la préservation du cheptel. La diversification des cultures vers des productions mieux adaptées au climat aride du pays constitue également une priorité pour assurer la pérennité du secteur.

La sécheresse et le changement climatique mettent en péril la performance du secteur agricole marocain. L’annulation de la fête du sacrifice en 2025 illustre l’ampleur du problème et la nécessité d’une prise de conscience collective. Si des efforts d’adaptation ont été initiés, ils restent insuffisants face à l’ampleur des défis. Seule une transformation en profondeur du modèle agricole permettra d’assurer la sécurité alimentaire et la résilience du pays face aux crises climatiques à venir.

 






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