Face aux défis économiques et environnementaux croissants, il est impératif de repenser la structure économique du Maroc en plaçant la subsistance de la population et la pérennité de l'économie nationale au cœur des priorités. Plus
Aujourd’hui, l’agriculture représente environ 14 % du PIB et emploie une grande partie de la population rurale. Pourtant, la surexploitation des ressources hydriques pour des cultures destinées principalement à l'exportation menace non seulement l'équilibre environnemental, mais également la sécurité alimentaire nationale.
L’un des exemples les plus parlants est la culture du melon et de l’avocat, grandes consommatrices d’eau, qui sont cultivées en masse pour satisfaire la demande étrangère. Dans un pays confronté à des sécheresses récurrentes et à une diminution alarmante des nappes phréatiques, cette orientation économique devient un non-sens. Si cette tendance se poursuit, elle pourrait conduire à un effondrement progressif du secteur agricole et à une dépendance accrue aux importations alimentaires, mettant ainsi en péril la souveraineté alimentaire du Maroc.
Le secteur industriel, qui représente environ 25 % du PIB, ainsi que le tourisme (7,5 %) et la pêche (2,3 %), doivent être davantage développés afin de réduire la pression sur l’agriculture. Il est essentiel de rééquilibrer l’économie nationale en diversifiant les moteurs de croissance et en réduisant la dépendance à l'exportation agricole. Une transition vers une industrie plus tournée vers la transformation locale des produits agricoles permettrait de créer de la valeur ajoutée tout en assurant un approvisionnement stable pour la population marocaine.
Cette restructuration nécessitera des politiques économiques volontaristes et un soutien accru aux secteurs alternatifs. L’investissement dans le tourisme durable et l’industrie manufacturière peut générer des emplois stables et mieux rémunérés, tout en limitant l’impact écologique des activités agricoles intensives. De même, la modernisation du secteur de la pêche et une gestion plus responsable de ses ressources permettront d’en faire un levier de développement économique plus efficace.
Bien entendu, cette réorientation économique se heurtera aux intérêts de certains acteurs du secteur agricole, principalement ceux qui bénéficient des profits juteux liés à l’exportation. Cependant, il est du devoir de l’État d’imposer des régulations qui favorisent l'intérêt général plutôt que la rentabilité à court terme d’une minorité. Une politique agricole axée sur l’autosuffisance alimentaire et la préservation des ressources naturelles assurera un avenir plus stable et plus prospère pour l’ensemble de la population.
En fin de compte, assurer la subsistance des Marocains et garantir la pérennité du tissu économique passe par un changement de paradigme. Il est temps de réduire la part de l’exportation dans l’agriculture marocaine, de préserver les ressources hydriques, et de renforcer d’autres secteurs économiques capables d’assurer une croissance durable. Seule une approche équilibrée et responsable permettra au Maroc de se prémunir contre les crises à venir et de construire un avenir où l’économie nationale sert avant tout ses citoyens.