L’évolution des populismes en Amérique latine, en Europe et aux États-Unis reflète une dynamique complexe et interconnectée, marquée par des contextes historiques, économiques et sociaux distincts, mais aussi par des similitudes frappantes. Plus
En Europe, le populisme s’est nourri de préoccupations liées à l’immigration, à la mondialisation et à la perte de souveraineté nationale au profit d’entités supranationales comme l’Union européenne. Des partis tels que le Rassemblement national en France ou l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ont gagné en influence en exploitant les craintes d’une identité culturelle menacée et en critiquant les élites politiques jugées déconnectées. Ces mouvements, bien que divers dans leurs approches, partagent une méfiance envers les institutions démocratiques traditionnelles et une tendance à privilégier des solutions simplistes à des problèmes complexes. Cette montée du populisme a souvent fragilisé les démocraties européennes, en polarisant les débats publics et en sapant la confiance dans les processus électoraux.
Aux États-Unis, le populisme a pris une forme distincte avec l’élection de Donald Trump en 2016. Son discours, centré sur la défense des « Américains ordinaires » contre les élites politiques et médiatiques, a résonné auprès d’une partie de la population frustrée par le déclin économique de certaines régions et par les transformations culturelles rapides. Le trumpisme a également mis en lumière une fracture profonde entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu’une polarisation politique sans précédent. Cette version du populisme américain a remis en question les normes démocratiques, notamment à travers des attaques répétées contre les médias et les institutions électorales, culminant avec l’assaut du Capitole en janvier 2021.
La reconduction au pouvoir de D. Trump en 2025 a consacré cette évolution de la société américaine en profondeur et dans la durée. Le phénomène Trump n’est plus, désormais, considéré comme un épiphénomène, mais comme un mouvement de fond.
Parallèlement, l’impact des mouvements anti-occidentaux dans les pays du Sud a joué un rôle significatif dans la montée des régimes autoritaires. Ces mouvements, souvent alimentés par un sentiment de dépossession face à l’hégémonie occidentale, ont trouvé un écho dans des discours critiques envers le colonialisme, l’impérialisme économique et l’ingérence politique. Des pays comme la Russie et la Chine ont habilement exploité ces ressentiments pour renforcer leur influence, en soutenant des régimes autoritaires et en promouvant un modèle de gouvernance alternatif à la démocratie libérale. Cette dynamique a contribué à affaiblir les normes internationales en matière de droits de l’homme et de gouvernance démocratique.
La montée des régimes autoritaires, qu’ils soient soutenus par des mouvements populistes ou par des puissances anti-occidentales, représente un défi majeur pour les démocraties. Ces régimes s’appuient souvent sur un contrôle strict des médias, une répression des oppositions politiques et une manipulation des institutions pour consolider leur pouvoir. En Amérique latine, en Europe et aux États-Unis, cette tendance se manifeste par une érosion des contre-pouvoirs et une concentration accrue du pouvoir entre les mains de leaders charismatiques. Cette situation menace non seulement les libertés individuelles, mais aussi la stabilité des systèmes politiques.
Les démocraties sont confrontées à un dilemme complexe : comment répondre à la montée des populismes et des régimes autoritaires sans tomber dans les pièges de la polarisation et de la répression. Une réponse possible réside dans la réforme des institutions pour les rendre plus inclusives et transparentes, ainsi que dans la lutte contre les inégalités économiques et sociales qui alimentent souvent le ressentiment populiste. Par ailleurs, un engagement renouvelé en faveur des valeurs démocratiques, tant au niveau national qu’international, est essentiel pour contrer l’influence des régimes autoritaires et des mouvements anti-occidentaux.
Enfin, il est crucial de reconnaître que les défis posés par le populisme et l’autoritarisme ne sont pas isolés, mais profondément interconnectés. Les dynamiques politiques en Amérique latine, en Europe et aux États-Unis influencent et sont influencées par les mouvements anti-occidentaux dans les pays du Sud. Cette interdépendance nécessite une réponse globale, fondée sur la coopération internationale et le renforcement des institutions démocratiques. Sans une telle approche, la montée des populismes et des régimes autoritaires risque de continuer à menacer les démocraties et à redéfinir l’ordre mondial.
