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13 avril 2025

BILLET : Vivement dimanche, ou le retour sur le piratage de la CNSS- Par A. Laalioui

Publié par A. Laalioui  le 13/4/2025

 Ce dimanche, c’est une attaque numérique retentissante qui continue de faire couler l’encre : le piratage massif de la CNSS, l’institution censée garantir la sécurité sociale des Marocains. Plus

Vivement dimanche… Ce jour particulier où l’actualité semble ralentir, où le tumulte des jours ouvrables laisse place à la réflexion. C’est souvent dans ce calme apparent que les grands faits de la semaine prennent un autre relief.. Et voilà que des données, censées être ultra-sensibles, ont été exposées aux yeux de tous. C’est bien plus qu’un piratage : c’est un miroir tendu à notre système, à notre rapport à l’État, à la sécurité, et à la décence.

Que nous inspire cette fuite monumentale de données ? D’abord un sentiment d’incrédulité. Comment une telle institution, dotée a priori de moyens techniques et humains conséquents, a-t-elle pu devenir la proie d’un tel acte ? L’événement jette une lumière crue sur la faiblesse de nos infrastructures numériques, mais aussi sur l’état de notre souveraineté digitale. Car derrière les données volées, ce sont des millions de vies, d’identités, de trajectoires professionnelles qui ont été mises à nu. Le hacking de la CNSS, ce n’est pas juste une affaire de cybersécurité. C’est une atteinte à la confiance collective.

Mais ce qui dérange encore plus, c’est ce que la fuite a mis en lumière. Ce n’est pas tant la divulgation de chiffres que leur réception par le public. L’œil glisse curieusement sur les salaires vertigineux de certaines élites, mais s’attarde plus longuement sur les revenus modestes, les petites mains, les noms à consonance familière. Le voyeurisme numérique s’est emparé des réseaux : on scrute, on commente, on partage. Est-ce cela qui est indécent ? Pas seulement les écarts de rémunération, mais cette avidité de tout voir, de tout savoir, comme si l’intimité salariale d’un citoyen lambda était devenue un fait divers.

La véritable indécence, peut-être, c’est d’avoir laissé une brèche aussi béante dans un système aussi crucial, sans garde-fou, sans anticipation. Et cela pose une question lourde de sens : avons-nous réellement les compétences nécessaires pour sécuriser nos données, nos services publics, nos institutions ? Pourtant, les talents ne manquent pas dans ce pays. Les ingénieurs qualifiés, les experts en cybersécurité, les codeurs brillants, ils sont là. Mais encore faut-il leur donner leur place, leur faire confiance, les retenir. Le problème n’est pas tant l’absence de compétences que la gestion hasardeuse des priorités.

En ce dimanche, on ne peut s’empêcher de penser que l’attaque contre la CNSS est aussi un signal, une alerte rouge. Une société numérique ne peut se construire sur des infrastructures fragiles et une culture de l’improvisation. Elle a besoin de rigueur, de respect de la vie privée, de gouvernance transparente. Alors vivement un dimanche où l’actualité ne sera pas dictée par une nouvelle faille, mais par la reconstruction d’une confiance numérique, solide et digne.

 

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