L'économie marocaine présente un visage contrasté, mêlant des atouts indéniables à des défis structurels persistants.
Sa résilience face aux chocs externes et internes est notable, mais elle est freinée par des déséquilibres sociaux et sectoriels. Une analyse approfondie permet de mieux comprendre ces dynamiques et d'anticiper les perspectives à l'horizon de la Coupe du Monde 2030.En 2023, le Maroc a enregistré une croissance économique de 3,4 %, soutenue par la reprise du tourisme, des exportations manufacturières robustes et une consommation privée en hausse. Cette performance a été obtenue malgré des défis tels que le ralentissement économique mondial, une poussée inflationniste et le séisme d'Al Haouz. Les investissements directs étrangers ont également augmenté, et le déficit du compte courant a atteint son niveau le plus bas depuis 2007. Cependant, la croissance devrait ralentir à 2,9 % en 2024, principalement en raison d'une performance agricole faible, bien que le PIB non agricole reste stable.
Le marché du travail demeure un point faible de l'économie marocaine. En 2024, le taux de chômage a atteint 13,3 %, avec des taux particulièrement élevés parmi les jeunes (36,7 %), les femmes (19,4 %) et les diplômés (19,6 %) . Le sous-emploi a également augmenté, touchant 10,1 % de la population active. Ces chiffres reflètent une inadéquation entre la formation et les besoins du marché, ainsi qu'une croissance insuffisante du secteur privé pour absorber la main-d'œuvre disponible.
Le secteur informel représente une part significative de l'économie marocaine, limitant l'efficacité des politiques fiscales et sociales. Bien que des efforts soient en cours pour formaliser cette économie, notamment à travers des réformes fiscales et des incitations à l'enregistrement des entreprises, le chemin reste long. L'OCDE souligne la nécessité de mesures supplémentaires pour réduire l'activité informelle, lever les obstacles à l'activité des femmes et améliorer l'enseignement et la formation. Les inégalités économiques persistent, avec des disparités marquées entre les zones urbaines et rurales. La pauvreté rurale est exacerbée par la dépendance à l'agriculture, un secteur vulnérable aux aléas climatiques. La Banque mondiale note que, malgré la reprise économique, la consommation par habitant vient tout juste de retrouver les niveaux d'avant la pandémie, soulignant la lenteur de l'amélioration des conditions de vie pour une partie de la population.
À l'horizon de la Coupe du Monde 2030, le Maroc a l'opportunité de stimuler son économie à travers des investissements dans les infrastructures, le tourisme et les services. Cependant, pour maximiser les retombées économiques de cet événement, il est crucial de mettre en œuvre des réformes structurelles visant à renforcer le secteur privé, améliorer l'employabilité des jeunes et réduire les inégalités. Le FMI souligne que la poursuite des réformes structurelles est essentielle pour assurer une croissance plus forte et plus inclusive.
Si l'économie marocaine dispose de bases solides et d'opportunités significatives pour renforcer sa croissance, la réalisation de ce potentiel nécessite, cependant, une attention soutenue aux défis structurels, notamment le chômage, l'informalité et les inégalités. Une approche intégrée, combinant réformes économiques, sociales et éducatives, sera déterminante pour assurer une prospérité partagée à l'ensemble de la population marocaine.
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