
La Chine a immédiatement riposté en augmentant ses propres droits de douane sur les produits agricoles américains, tandis que l'Union européenne a menacé de mettre en place des mesures de rétorsion ciblées. Ces tensions commerciales ont eu un impact direct sur les marchés financiers : entre janvier et février 2025, le S&P 500 a chuté de 12%, enregistrant sa plus mauvaise performance depuis la crise de 2020. En Asie, la Bourse de Shanghai a perdu 15% de sa valeur et le Nikkei japonais 9%, reflétant les craintes des investisseurs quant à l'avenir des échanges internationaux.
Les conséquences sectorielles sont particulièrement visibles. L'industrie automobile, prise en étau entre les nouvelles taxes et les perturbations des chaînes d'approvisionnement, a été l'une des premières à ressentir le choc. Des géants comme Tesla et Volkswagen ont dû annoncer des hausses de prix et des ralentissements de production. Le secteur technologique, particulièrement dépendant des composants asiatiques, subit également de plein fouet ces mesures, avec une hausse de 8% du prix des semi-conducteurs en un mois seulement.
Aux États-Unis même, les effets de cette politique sont contrastés. Si certains secteurs industriels comme l'acier et l'aluminium bénéficient d'une demande accrue (+18% en janvier 2025), les consommateurs américains voient leur pouvoir d'achat diminuer avec des hausses de prix comprises entre 5% et 10% sur de nombreux produits électroniques et automobiles. Les agriculteurs, premières victimes des représailles chinoises, subissent une chute de 25% de leurs exportations de soja, nécessitant une nouvelle intervention fédérale pour les soutenir.
Dans un revirement tactique, Trump a annoncé le 8/4/2025 une pause de 90 jours avant l'application des nouveaux tarifs douaniers pour tous les partenaires commerciaux... à l'exception notable de la Chine. Cette décision, présentée comme une "pause de réflexion" pour les alliés des États-Unis, a immédiatement créé une fracture dans les marchés mondiaux. Les bourses européennes ont rebondi de 5 à 7% suite à cette annonce, le DAX allemand menant la charge grâce au soulagement des constructeurs automobiles. À l'inverse, les places asiatiques hors Chine (Tokyo, Séoul, Taipei) ont connu des flux erratiques, tiraillées entre l'espoir d'un apaisement général et la crainte d'être les prochaines cibles.
Mais cette mesure a surtout accentué l'isolement économique de la Chine, dont la Bourse de Shanghai a plongé de 8% en trois jours, son pire trimestre depuis la crise de 2015. Les entreprises multinationales se sont retrouvées face à un dilemme cornélien : relocaliser précipitamment leurs chaînes d'approvisionnement hors de Chine pour bénéficier de la pause tarifaire, au risque de perturber durablement leurs opérations. Le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2025, estimant que cette "discrimination tarifaire" pourrait coûter jusqu'à 0,8% de PIB global, avec des effets en cascade sur le commerce des matières premières et les marchés émergents. Paradoxalement, le dollar s'est renforcé de 3% face aux autres devises, reflétant à la fois son statut de valeur refuge et les déséquilibres croissants du système commercial international.
Face à cette situation, plusieurs scénarios se dessinent pour les mois à venir. Le plus optimiste prévoit une désescalade progressive grâce à des négociations avec la Chine et l'UE, permettant une stabilisation des marchés. Cependant, la poursuite des tensions commerciales, scénario jugé le plus probable par de nombreux analystes, pourrait mener à une récession partielle accompagnée d'une inflation atteignant 4%. Enfin, dans le pire des cas, une guerre commerciale généralisée pourrait déclencher une crise économique mondiale aux conséquences imprévisibles.
Si certains secteurs industriels nationaux américains bénéficient à court terme de ces mesures protectionnistes, le coût pour les consommateurs et les entreprises intégrées dans les chaînes de valeur mondiales s'avère déjà considérable. L'évolution de la situation dépendra largement de la capacité des différentes parties à trouver des compromis, mais le risque d'une escalade aux conséquences dramatiques pour l'économie mondiale reste bien réel.
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