
Entre 2014
et 2024, l’économie marocaine a connu une évolution contrastée.
Malgré la croissance globale, le marché du travail marocain reste marqué par un taux de chômage structurellement élevé. En 2014, le taux de chômage tournait autour de 9,9 %. Après une légère baisse jusqu’en 2019 (8,5 %), il a bondi à 12,3 % en 2020 en raison de la pandémie. En 2023, le taux national de chômage est estimé à 12,9 %, avec un pic chez les jeunes urbains diplômés dépassant 30 %. Cette situation révèle un désajustement persistant entre la formation, la productivité et les besoins du marché, en particulier dans les régions rurales et parmi les jeunes.
Les investissements ont joué un rôle déterminant dans la dynamique économique du pays. L’État a lancé de grands projets d’infrastructure comme les ports (Tanger Med, Nador West Med), les zones industrielles (notamment autour de Kénitra et Casablanca) et le TGV Tanger-Casablanca. Le taux d’investissement est resté relativement élevé, autour de 30 % du PIB, mais avec une faible efficacité en termes de création d’emplois durables. Côté IDE, le Maroc a attiré plus de 20 milliards de dirhams par an en moyenne depuis 2015, concentrés dans l’automobile, l’aéronautique et les énergies renouvelables. En 2023, les IDE ont atteint 21,8 MMDH, selon l’Office des Changes.
L’économie
marocaine s’est diversifiée, avec une montée en puissance de l’industrie
automobile, devenue premier secteur exportateur avec plus de 130 milliards de
dirhams d’exportations en 2023. Le secteur des phosphates reste stratégique
avec OCP, en particulier dans un contexte de tension mondiale sur les engrais.
Les énergies renouvelables ont progressé, représentant 38 % du mix énergétique
en 2024, grâce aux investissements dans le solaire (Noor) et l’éolien. Le
tourisme, fortement affecté par la pandémie, a retrouvé son niveau pré-crise en
2023 avec plus de 14,5 millions de touristes, et des recettes de 98 MMDH.
Le Maroc a initié plusieurs réformes importantes au cours de la décennie :
généralisation de la protection sociale (2021–2025), refonte de la fiscalité,
nouvelle charte de l’investissement (2022), et réforme de l’enseignement. Le
programme "Intelaka" (2020) a visé à soutenir l’entrepreneuriat des
jeunes. Le nouveau modèle de développement (NMD) publié en 2021 a fourni une
feuille de route pour accélérer la transformation économique vers plus
d’inclusivité, de productivité et de durabilité.
Malgré ces avancées, le Maroc fait face à plusieurs défis : faible
productivité, poids du secteur informel (estimé à 30 % du PIB), inégalités
sociales et territoriales, et dépendance à l’agriculture sous pluie. Le système
éducatif peine à répondre aux besoins du marché, et la faible création
d’emplois dans l’industrie limite les retombées de la croissance. L’inflation,
bien que modérée en 2024 (environ 2,4 %), a érodé le pouvoir d’achat, notamment
des ménages vulnérables.
Les perspectives à moyen terme sont globalement positives, à condition de
maintenir le cap des réformes et de renforcer la gouvernance. L’organisation
conjointe de la Coupe du Monde 2030 pourrait accélérer les investissements en
infrastructures et tourisme. Le Maroc ambitionne aussi de devenir un hub
industriel vert en Afrique, notamment en développant l’hydrogène vert. Selon
les projections du FMI, la croissance potentielle pourrait atteindre 4 à 4,5 %
par an à condition de renforcer l’intégration régionale, la qualité des
institutions et la compétitivité du tissu productif.
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