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03 juin 2025

CRYPTOMONNAIE : Crypto et blanchiment d'argent : mythe ou réalité ?- Par J. Hafati

Publié par J. Hafati le 3/6/2025

Outil d’émancipation financière pour les uns, eldorado du crime organisé pour les autres, les cryptomonnaies divisent. Leur lien avec le blanchiment d’argent relève-t-il d’un risque structurel… ou d’un mythe largement exagéré ? Depuis plus d'une décennie, les cryptomonnaies ont révolutionné le monde financier. Bitcoin, Ethereum et bien d'autres jetons numériques ont émergé comme des alternatives aux monnaies traditionnelles, portées par une promesse de décentralisation et d'autonomie financière. Cependant, leur caractère pseudonyme et leur relative opacité ont rapidement suscité des inquiétudes, notamment en matière de blanchiment d'argent. Dès lors, une question s’impose : ces monnaies numériques sont-elles un véritable vecteur de blanchiment, ou bien ce lien relève-t-il davantage du fantasme que de la réalité ?
Le blanchiment d’argent consiste à dissimuler l’origine illégale de fonds pour les rendre apparemment licites. Traditionnellement, ce processus passe par trois étapes : placement, empilement (layering), et intégration. Les cryptomonnaies peuvent faciliter certaines de ces étapes, notamment le layering, grâce à la rapidité des transactions et à l’absence d’intermédiaire bancaire. Les "mixers" ou "tumblers", services en ligne permettant d’anonymiser les fonds, rendent le traçage des transactions plus difficile, ce qui attire les criminels en quête de discrétion.
Il serait cependant exagéré d’associer systématiquement cryptomonnaies et criminalité. De nombreuses études, notamment celles de Chainalysis ou de l’Union européenne, montrent que la part des transactions liées à des activités illicites représente une faible proportion du volume global – souvent inférieure à 1 %. Cela signifie que si des usages criminels existent bel et bien, ils restent largement marginaux par rapport à l’ensemble des opérations menées avec ces technologies.
Face aux risques potentiels, de nombreux pays ont renforcé leur arsenal législatif. L’Union européenne a adopté la réglementation MiCA (Markets in Crypto-Assets), et des plateformes majeures comme Binance ou Coinbase sont désormais soumises à des obligations strictes de vérification d’identité (KYC) et de lutte contre le blanchiment (AML). Ces mesures tendent à aligner les cryptomonnaies sur les standards bancaires traditionnels, rendant leur usage illicite de plus en plus risqué pour les criminels.
L’amalgame entre cryptomonnaies et blanchiment d’argent persiste en grande partie à cause d’une méconnaissance du fonctionnement réel de ces technologies. Contrairement à ce que beaucoup pensent, les transactions en cryptomonnaies sont en réalité hautement traçables grâce aux blockchains publiques. Les autorités disposent aujourd’hui d’outils performants pour remonter les chaînes de transactions et identifier les utilisateurs malveillants, réduisant l’efficacité des cryptos comme instruments de blanchiment.
En définitive, si les cryptomonnaies présentent certains risques en matière de blanchiment d’argent, ceux-ci sont aujourd’hui mieux encadrés et relativement contenus. Plutôt que de diaboliser cette innovation, il est essentiel d’adopter une approche équilibrée, fondée sur la régulation, l’éducation et l’innovation sécuritaire. Le danger ne réside pas tant dans la technologie elle-même que dans l’absence de vigilance autour de son usage.


 

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