
Le Maroc, à l’instar de nombreux pays
en développement, fait face à une recrudescence inquiétante des cyberattaques.
Un écosystème technologique souverain ne se limite pas à la simple acquisition de logiciels ou d’équipements de cybersécurité importés. Il s’agit avant tout de bâtir une autonomie décisionnelle et opérationnelle dans la conception, le déploiement et la gestion des technologies numériques. Cela implique de renforcer massivement la formation locale dans les métiers de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle et du codage. Les universités marocaines, en lien avec les écoles d’ingénieurs et les start-ups, doivent jouer un rôle central dans cette dynamique en intégrant ces enjeux dans leurs cursus et en soutenant la recherche appliquée.
La souveraineté numérique passe aussi par le développement d’une industrie locale de la cybersécurité. Le Maroc pourrait stimuler l’innovation à travers des incubateurs spécialisés, des pôles technologiques régionaux et des partenariats public-privé. Il est également crucial d’encourager les entreprises marocaines à concevoir leurs propres solutions de protection des données, d’analyse de risques et de réponses aux incidents, en évitant une dépendance excessive aux fournisseurs étrangers. Cela nécessite un soutien clair de l’État, sous forme d’incitations fiscales, de subventions ciblées et de marchés publics réservés à des solutions locales.
Par ailleurs, la création d’un cadre législatif robuste est indispensable pour sécuriser l’environnement numérique. Cela suppose une actualisation régulière des lois sur la cybersécurité, la protection des données personnelles et les obligations des acteurs publics et privés en cas de faille. Une agence nationale dotée de véritables pouvoirs de contrôle, de coordination et d’anticipation pourrait jouer un rôle clé, en lien avec les institutions judiciaires et les forces de sécurité intérieure.
Cependant, construire un écosystème souverain ne signifie pas s’isoler du reste du monde. Le Maroc doit aussi multiplier ses partenariats stratégiques avec des pays ou des entreprises qui partagent ses préoccupations sécuritaires et éthiques. Il peut jouer un rôle de hub cyber-africain, en accueillant des centres régionaux de compétence et de formation. L’organisation régulière d’exercices de simulation et le partage d’informations sur les menaces en temps réel doivent devenir des pratiques courantes.
Enfin, la sensibilisation de l’ensemble des citoyens et des professionnels constitue un pilier essentiel. Une large campagne nationale d’éducation numérique, combinée à des formations obligatoires dans les administrations et entreprises, permettra de renforcer la résilience collective. Car un écosystème souverain est avant tout un écosystème humain, fondé sur la compétence, la vigilance et la responsabilité de chacun face à des menaces invisibles mais bien réelles.
En somme, la panique face aux cyberattaques et le gel des applications (cas, entre autres de la CNOPS) ne saurait remplacer une stratégie. Le Maroc a les moyens, les talents et les alliances nécessaires pour construire un écosystème technologique souverain. Il s’agit désormais de faire de la cybersécurité une priorité politique, économique et culturelle, au service de l’intérêt général et de la souveraineté nationale.
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