L’essor du cloud computing a
transformé la manière dont les entreprises stockent, accèdent et traitent leurs
données. Cependant, cette dématérialisation a aussi élargi la surface d’attaque
pour les cybercriminels.
Un des exemples les plus fréquents d’attaques concerne les services de stockage
comme Amazon S3. De nombreuses entreprises laissent leurs « buckets »
accessibles au public, par erreur ou par négligence. Des attaquants peuvent
ainsi aspirer des gigaoctets de données sensibles. En 2019, une entreprise de
sécurité a révélé que plus de 2 000 instances S3 exposaient publiquement des
données médicales, financières ou juridiques. Ces fuites massives sont souvent
évitables grâce à une simple configuration correcte des permissions.
Avec l’augmentation des environnements hybrides (combinant cloud public et
infrastructures privées), les cybercriminels exploitent les failles de
synchronisation entre les systèmes. Des ransomwares se propagent depuis une
machine compromise sur site vers les ressources cloud synchronisées. L’attaque
contre le groupe Colonial Pipeline en 2021, bien que plus orientée réseau, a
révélé les failles possibles entre infrastructures physiques et services cloud
utilisés pour les opérations quotidiennes.
Les accès cloud sont généralement contrôlés via des identifiants ou des jetons
d’API. Des attaques ciblant ces accès permettent aux pirates de s’infiltrer
sans éveiller de soupçon. Par exemple, une campagne d’hameçonnage sophistiquée
peut voler les identifiants d’un compte Azure ou Google Cloud, et ainsi permettre
à l’attaquant de créer, modifier ou supprimer des ressources. Ces attaques,
souvent silencieuses, nécessitent une vigilance constante en matière de gestion
des identifiants et de surveillance des journaux d’activité.
Pour contrer ces menaces, plusieurs mesures techniques s’imposent. Tout
d’abord, le chiffrement des données, en transit comme au repos, est essentiel.
Ensuite, les audits réguliers des configurations cloud, via des outils
d’analyse automatisés, permettent d’identifier et corriger les failles. L’usage
du principe du moindre privilège (least privilege) pour les accès utilisateurs
et les services limite les dégâts en cas d’intrusion. Enfin, les systèmes de
détection d’anomalies basés sur l’IA peuvent alerter en temps réel sur des
comportements suspects.
La sécurité du cloud ne repose pas seulement sur la technologie, mais aussi sur
les pratiques humaines. Une formation régulière des employés sur les risques
liés au cloud, en particulier le phishing et la mauvaise manipulation des
fichiers, est indispensable. De plus, une gouvernance claire du cloud — avec
des responsabilités bien définies entre les équipes techniques, les
fournisseurs et les utilisateurs finaux — réduit les zones grises propices aux
erreurs.
L’avenir de la cybersécurité passe par une approche « cloud-native »,
c’est-à-dire intégrée dès la conception de l’infrastructure. Cela implique
d’utiliser des solutions conçues spécifiquement pour les environnements cloud,
comme les pare-feux applicatifs cloud (WAF), le Zero Trust Network Access
(ZTNA), ou encore les services de Cloud Security Posture Management (CSPM).
Face à la montée en complexité des attaques, seule une combinaison de
technologies robustes, de bonne gouvernance et de veille continue permet de
sécuriser durablement les environnements cloud.
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