À la croisée des dynamiques géopolitiques, économiques et énergétiques, le Sahara marocain est aujourd’hui au cœur d’une profonde mutation. Entre reconnaissance internationale croissante de la souveraineté marocaine et déploiement de projets structurants d’envergure, le Sahara s’affirme comme un trait d’union stratégique entre l’Afrique de l’Ouest, l’Europe et le monde arabe.
Le Sahara marocain constitue, depuis plusieurs décennies, un axe central dans la stratégie politique, diplomatique et économique du Royaume. Ce territoire, historiquement rattaché au Maroc avant d’être séparé par la colonisation espagnole, a fait l’objet, depuis la fin du siècle dernier, d’une politique nationale volontariste visant à son intégration pleine et entière au tissu national, mais aussi à sa transformation en véritable plateforme de développement régional et continental.
À partir de 2007, le Maroc a proposé aux Nations Unies un plan d’autonomie pour le Sahara sous souveraineté marocaine, initiative qualifiée de sérieuse, crédible et réaliste par le Conseil de sécurité de l’ONU. Parallèlement à cette démarche politique, le Royaume a lancé un effort de développement soutenu dans les provinces du Sud, notamment à travers un programme intégré adopté en 2015 et doté de plus de 77 milliards de dirhams. Ce programme a permis de moderniser les infrastructures, de renforcer les services publics, de promouvoir l’emploi local et de faire émerger de nouveaux pôles économiques dans les villes de Laâyoune et Dakhla.
L’évolution du dossier du Sahara s’est aussi accompagnée d’une dynamique diplomatique soutenue. Depuis 2017, de nombreux pays africains, arabes, latino-américains et asiatiques ont reconnu la souveraineté du Maroc sur cette région, concrétisée par l’ouverture de plus d’une vingtaine de consulats à Dakhla et Laâyoune. Ces actes diplomatiques ont été suivis de partenariats économiques concrets, dans des secteurs aussi divers que la pêche, le tourisme, les énergies renouvelables, les services portuaires et les zones industrielles.
Le développement du Sahara marocain s’inscrit également dans une ambition énergétique à l’échelle continentale. Le Royaume a fait de cette région un pilier de sa transition vers les énergies propres, en y implantant des parcs solaires et éoliens de grande envergure, comme à Tarfaya, Laâyoune ou Boujdour. Des projets d’envergure internationale, tels que le projet XLinks visant à acheminer de l’énergie verte du Maroc vers le Royaume-Uni, partent directement de cette région. En 2025, le gouvernement français a par ailleurs exprimé son soutien à un projet de câble électrique de 3 GW reliant Casablanca à Dakhla, consolidant ainsi l’intégration énergétique Sud-Nord.
Sur le plan logistique, le Sahara est progressivement devenu un pont stratégique entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. L’un des projets les plus emblématiques est la construction du port Atlantique de Dakhla, appelé à devenir l’un des plus importants du continent africain, couplé à l’autoroute Tiznit–Dakhla longue de plus de mille kilomètres. Ces infrastructures ont vocation à désenclaver la région et à attirer les investissements dans les zones industrielles en développement, notamment autour des activités maritimes, de l’agriculture et de la logistique.
Le Sahara marocain joue également un rôle croissant dans la stratégie africaine du Maroc. En 2023, le Royaume a lancé une initiative visant à connecter les pays sahéliens enclavés — tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso ou le Tchad — aux ports marocains de l’Atlantique via des corridors logistiques et énergétiques traversant le Sahara. Cette vision géoéconomique a pour ambition de repositionner la façade atlantique africaine comme un espace d’intégration et de prospérité partagée.
Un autre projet majeur incarnant cette ambition est le gazoduc Maroc–Nigeria, en gestation depuis le milieu des années 2010. Traversant treize pays sur plus de 5 000 kilomètres, il est conçu pour sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Afrique de l’Ouest tout en positionnant le Maroc comme carrefour énergétique vers l’Europe. En 2024, les études techniques et environnementales du projet ont été finalisées et les partenaires financiers, dont la CEDEAO, la Banque africaine de développement et des fonds souverains du Golfe, se sont engagés à concrétiser sa mise en œuvre.
En l’espace de vingt ans, le Sahara marocain a acquis la stature d’un territoire stratégique en pleine transformation. Cette mutation repose sur une politique de développement volontariste, une diplomatie active et une vision africaine assumée. Le Sahara est désormais perçu comme un espace de convergence entre souveraineté politique, intégration économique et projection continentale. Il s’impose comme un véritable levier du rayonnement du Maroc en Afrique et dans le monde, et comme un acteur-clé des nouveaux équilibres énergétiques, logistiques et diplomatiques du continent africain.
SUIVEZ-NOUS SUR ▼▼
