C’est désormais une certitude : en septembre prochain, à l’Assemblée générale des Nations Unies, la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine.
On aurait tort d’y voir une lubie ou une provocation. Car la Palestine existe déjà sur la carte diplomatique du monde : cent quarante-sept pays sur cent quatre-vingt-treize membres de l’ONU la reconnaissent, soit trois quarts de la planète. La France sera le cent quarante-huitième, rejoignant le mouvement lancé ces dernières années par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège, la Slovénie ou encore plusieurs pays caribéens. Autant dire que la reconnaissance de l’État palestinien n’est plus une exception, mais une norme internationale que les grandes puissances occidentales s’étaient jusqu’ici refusées à entériner.
Pourquoi maintenant ? Parce que le statu quo n’est plus tenable. Depuis octobre 2023, la bande de Gaza a payé le prix fort : plus de soixante mille morts palestiniens, en majorité des femmes et des enfants. Parce que chaque jour qui passe sous occupation alimente la colère, nourrit le désespoir et repousse un peu plus l’hypothèse d’une paix durable. Et parce qu’il est devenu urgent d’adresser un message clair au gouvernement israélien, dominé par une extrême droite qui a fait du rejet de la solution à deux États son fonds de commerce politique.
Les sceptiques diront que ce geste est surtout symbolique. Mais la politique internationale se nourrit aussi de symboles. Reconnaître la Palestine, c’est briser l’isolement, redonner du souffle aux modérés et rappeler que le droit international n’est pas négociable. C’est aussi placer Israël devant une évidence : l’occupation perpétuelle n’est pas une option, et la communauté internationale ne la cautionnera plus.
Au-delà du symbole, la France mise sur une dynamique multilatérale. La conférence coprésidée avec Riyad doit aboutir à une déclaration engageante, avec un cadre temporel et des mécanismes de stabilisation. Autrement dit, pas seulement des mots, mais un plan concret pour transformer une reconnaissance diplomatique en perspectives réelles : cessez-le-feu durable, reconstruction, retour de l’Autorité palestinienne et conditions de coexistence sécurisée.
Alors, un État palestinien ? Oui, et pourquoi pas. Parce qu’il est temps de passer des discours aux actes. Parce que trois quarts du monde l’ont déjà reconnu. Parce que le sang versé impose de tourner la page de la fatalité. Et parce que, sans Palestine libre, il n’y aura jamais de paix durable au Moyen-Orient.
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