La mondialisation des échanges a renforcé les
interdépendances entre les économies, rendant les chaînes d'approvisionnement
plus vulnérables aux chocs extérieurs.
L’économie marocaine a démontré une certaine capacité de résilience en diversifiant ses partenaires commerciaux et en modernisant ses infrastructures logistiques. Des secteurs clés comme l’automobile, l’aéronautique, l’agroalimentaire ou encore le textile ont été soutenus par des politiques industrielles ciblées, tout en développant des écosystèmes intégrés permettant une meilleure maîtrise des maillons de la chaîne. Le port de Tanger Med, devenu l’un des hubs logistiques les plus performants en Méditerranée, a joué un rôle central dans cette stratégie, facilitant à la fois l’importation de composants et l’exportation de produits finis vers des marchés mondiaux.
Cependant, de nouvelles menaces planent à l’horizon, notamment les tensions commerciales entre les grandes puissances. Le retour d’un protectionnisme économique, symbolisé par la récente annonce de Donald Trump visant à augmenter les droits de douane sur les importations, pourrait perturber les échanges mondiaux et indirectement affecter le Maroc. En effet, bien que le Royaume n’ait pas de lien commercial direct et massif avec les États-Unis, une telle décision pourrait ralentir la demande mondiale, renchérir les coûts des intrants importés et désorganiser les flux logistiques internationaux, impactant les industries exportatrices marocaines.
Face à ces risques, le Maroc mise sur le renforcement de sa souveraineté logistique et énergétique. Un exemple emblématique est sa montée en puissance en tant que hub régional de distribution pétrolière, notamment via ses ports de Tanger Med, Jorf Lasfar et Mohammedia. Cette orientation permet non seulement d’assurer une sécurité énergétique nationale, mais aussi d’attirer de nouveaux partenaires internationaux dans un contexte de redéfinition des routes énergétiques mondiales, aggravée par les conflits au Moyen-Orient et en Ukraine.
D’autre part, le Maroc développe activement des partenariats Sud-Sud, particulièrement avec des pays africains, en promouvant des corridors logistiques intégrés comme le projet du gazoduc Nigeria-Maroc ou les plateformes industrielles partagées. Ces initiatives visent à réduire la dépendance aux marchés occidentaux tout en consolidant une présence stratégique en Afrique, continent en forte croissance démographique et économique.
La résilience des chaînes d’approvisionnement marocaines repose sur une combinaison de facteurs : infrastructures portuaires compétitives, diversification géographique des échanges, intégration industrielle, et anticipation géopolitique. Toutefois, dans un monde de plus en plus instable, cette résilience devra s’appuyer sur davantage d’agilité stratégique, d’innovation technologique, et de concertation régionale pour maintenir la compétitivité du Maroc et limiter son exposition aux chocs systémiques à venir.
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